Alors qu'une vague de solidarité s'élève pour accueillir des réfugiés d'Ukraine, nous nous réjouissons de voir que l'empathie et l'hospitalité soient encore des élans si partagés. Mais devait-on attendre l'arrivée de nos frères et sœurs ukrainiennes pour voir ça ?
Cela fait trop d'années que des personnes, seules ou en famille, fuient leurs pays et frappent à nos portes. Des années qu'on les laisse bien fermées, ces portes, et que la France maintient les réfugié.e.s dans les marges, sur les routes, dans les interstices juridiques, dans les lieux de survie et de mort. Des années que la plupart des réfugié.e.s sont victimes d'un harcèlement et de maltraitance administrative. Des années que la France ne leur offre que le visage des préfectures, des forces de police, des Centres de rétention administratives et de Frontex.
Actuellement plus de 150 jeunes Afghans résident à Pantin dans un camp surpeuplé, sous des tentes, avec un unique point d'eau, bref, dans des conditions de vie inacceptables. Comme tant d'autres, ils ont fui les zones de combat, la misère, la dictature. Ils s'organisent pour les démarches administratives, pour se nourrir, pour travailler, pour vivre et ne plus survivre, avec un extraordinaire courage. Un groupe d'habitant.e.s de Pantin, lié dans un collectif informel appelé Pantin Solidaire, agit avec eux depuis le mois de novembre. Ils et elles proposent des distributions de repas et de matériel, des séances d'apprentissage du français et d'aide juridique, des moments de partages culturels, de l'hébergement parfois... Des associations comme Utopia 56, Médecins du Monde, Solidarité Migrants Wilson et Paris d'Exil, et l'établissement du Relais de Pantin assurent un soutien matériel et logistique. Une mobilisation spontanée comme il en existe quelques-unes en France pour pallier aux défaillances de l’État et des collectivités.
Mais quelles solutions pérennes sont-elles garanties pour éviter la faim, le froid, les maladies, les dealers et d'autres formes de violences ? A quand la mise à l'abri préfectorale ? Au-delà de la situation pantinoise, à quand une réelle politique publique d'accueil inconditionnel pour toutes les personnes réfugiées ?
L'activation de la "protection temporaire" par l'Union européenne pour les exilé.e.s ukrainien.ne.s est salutaire : elle leur permet l'installation dans le pays de leur choix, elle leur accorde le droit au travail, au logement, et la gratuité des transports. Ce dispositif doit désormais être étendu à toutes les personnes venues chercher refuge en France. Il faudrait aussi greffer un cerveau aux décideurs : virer du jour au lendemain des réfugiés des centres d'hébergement d'urgence pour y reloger des réfugié.e.s d'Ukraine (sans que ce soit fait, d'ailleurs), c'est vraiment indigne et complètement débile.
La manifestation de ce dimanche s'annonçait "pour un accueil inconditionnel et égal de toutes les personnes exilées". En ce jour ensoleillé, elle a réuni environ 250 personnes dans une marche festive, et les prises de paroles et les chansons ont touché tous les cœurs.
Nombre d'entre nous ont déjà connu l'exil. Certain.e.s d'entre nous peuvent vivre ça dans l'avenir. Nous n'avons pas d'autre choix que la solidarité.

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