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Billet de blog 17 juin 2022

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Pour les réfugié·es aux portes de Paris : on interpelle les pouvoirs publics

Suite au démantèlement d'un camp à Pantin (93), début mai, une centaine de personnes réfugiées s'est installée aux portes de Paris. Mais dans quelle situation d'urgence, et avec quel avenir ? Les pouvoirs publics doivent exercer leur responsabilité.

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Je relaie ici la lettre adressée aux pouvoirs publics, que plusieurs associations et individus ont signé cette semaine.

Lettre d’interpellation aux pouvoirs publics, juin 2022

Illustration 1
Illustration 2

Depuis plus de dix jours, des exilés se sont installés sur le terrain vague du 25 rue de la Marseillaise, Paris 19e. Afghans, iraniens, irakiens, syriens, marocains, roumains, soudanais, ils rejoignent ainsi des primo-habitants érythréens, éthiopiens et somaliens du terrain.

Ce ne sont pas des exilés anonymes et des statistiques de tentes qui apparaissent au hasard dans les espaces vides du grand Paris. Pour la majorité d’entre elles, ce sont des personnes qui ont été remises à la rue suite à l’évacuation du camp du parc du Cheval Noir à Pantin, le 11 mai 2022. Ce sont des personnes qui ont subi, pendant les trois semaines suivantes, un harcèlement policier constant qui les a contraintes à se déplacer presque tous les soirs et à se réfugier jusqu’au parc de la Bergère à Bobigny sans pouvoir installer de tentes plus d’une nuit.

Certaines d’entre ces personnes exilées ont aussi connu les évacuations et expulsions à répétition du camp de Delphine Seyrig et du quai du canal de l’Ourcq de janvier 2021 à janvier 2022 ainsi que l’évacuation catastrophique du camp de porte de Paris le 17 novembre 2020. Le harcèlement policier après évacuation a pour but de disperser, repousser et invisibiliser toute personne n’ayant pas été prise en charge.

Parce qu’à la crainte de cette pression policière constante s’opposent des principes de réalité – tels que la nécessité de dormir et celle d’être proche des associations pour pouvoir manger, s’équiper et être orienté –, ce sont enfin des personnes qui ont fait le choix de revenir en groupe dans Paris pour habiter sur ce terrain qui appartient à la ville, en installant une boîte aux lettres portant les noms de deux des habitants et des affiches rappelant le cadre légal trop souvent oublié des expulsions.

Depuis 2015, Paris se définit elle même comme une ville-refuge. La ville est adhérente de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants depuis avril 2019.

En 2018, dans un texte interministériel intitulé « Instruction du Gouvernement visant à donner un nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles » et à destination des préfectures, Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, Nicole Belloubet, alors garde des Sceaux, Jean-Yves le Drian, alors ministre des affaires étrangères, Jacques Mezard, alors ministre de la cohésion des territoires, Agnès Buzin, alors ministre des solidarités et de la santé, Muriel Penicaud, alors ministre du travail, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation nationale et Marlène Schiappa, alors secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, enjoignaient à « dépasser l’approche centrée sur les évacuations » en « apportant des réponses différenciées en fonction des caractéristiques des campements et des personnes », en tenant compte de « leur situation personnelle, leur état de santé, leurs parcours, leurs compétences et leurs aspirations ».

En conséquence de quoi, les habitants du camp et les associations et collectifs de soutien demandent pour tous les habitants du 25 rue de la Marseillaise :
- la résorption de leur procédure Dublin et leur régularisation
- un accompagnement individualisé
- un logement pérenne, digne et adapté

De toute urgence, les associations et collectifs de soutien demandent à la mairie de Paris un aménagement complet du terrain avec eau, douche, électricité, abris, nettoyage régulier, et l’instauration d’une aire de premier accueil à destination des primo-arrivants.

Signatures :

DES RÉFUGIÉ.E.S
LES HABITANTS DU 25 RUE DE LA MARSEILLAISE, 75019 PARIS
LES RENARDS
PANTIN SOLIDAIRE
MÉDECINS DU MONDE | Délégation IDF
UTOPIA 56
LE PRÉ SOLIDAIRE
ASSOCIATION UNITED MIGRANTS
ASSOCIATION TENDRE LA MAIN
PARIS D’EXIL
OBSERVATOIRE DES CAMPS DE REFUGIÉS
CAUSONS

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