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Billet de blog 17 mai 2023

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Pourquoi je me suis porté volontaire pour les JO 2024

(pour mieux me désister la veille, bien sûr)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelques semaines j'ai lu le témoignage d'une personne qui déclarait s'être inscrit comme bénévole aux JO, et qui appelait à le faire pour se désister au dernier moment. J'ai trouvé l'idée amusante et surtout constructive, d'autant qu'on connaît depuis longtemps la réalité qu'impliquent les JO2024 : les accidents mortels sur les chantiers des JO ; l'utilisation d'une main-d’œuvre précaire et sans droits ; les fraudes patronales ; les financements publics immenses (plus de 2 milliards €) ; les crédits d'impôts qui détournent l'argent public pour appâter les investisseurs ; les impacts écologiques... Pour le dire simplement, l'ampleur des opérations reflète l'ampleur du désastre social et écologique.

Par ailleurs, les hôtels d'hébergements du 115 sont d'ores et déjà inaccessibles : ils sont réquisitionnés pour le tourisme. Il n'est plus possible de loger des personnes sans-abri en Seine-Saint-Denis, et on les éloigne dans d'autres territoires (Val-d'Oise, Seine -et-Marne, etc.). Les conséquences humaines sont immenses.

Quant aux Jeux Paralympiques, contrairement à l'essentiel des JO financés par le secteur privé, ils sont financés par le public. Deux poids, deux régimes de financement. C'est comme si les Jeux paralympiques ne relevait pas de la compétition mais de la solidarité. Or ce sont de vraies épreuves sportives, pas seulement le gage de notre bonne conscience.

Nous vivons dans une des villes où se tiendront les JO. Les chantiers ont occasionné de multiples projets immobiliers (logements, services) qui modifient très rapidement nos quartiers et bouleversent les modes de vie, de Pantin jusqu'à Saint-Denis et au-delà. Il a fallu d'importantes mobilisations locales pour sauver les Jardins ouvriers d'Aubervilliers ou le parc Georges-Valbon à Dugny, mais plusieurs sites existants sont détruits ou menacés (parcs, piscines de quartiers...) au mépris de toute concertation publique. Ces projets sont anti-démocratiques.

S'inscrire pour se désister est une sorte de "sabotage doux". C'est aussi un moyen de contester collectivement et sans efforts.
(Heureusement que la plateforme ne m'a pas demandé de rédiger mes motivations, j'aurais du mentir.)

Précision : je n'ai pas d'opposition de principe aux JO en général : l'esprit de compétition sportive, c'est cool. Mais il y a là de tels impacts financiers, nationaux et écologiques que c'est comme la Coupe du Monde au Qatar. C'est la honte. En réalité, le jeu plus important sera la course aux profits.

De manière évidente, j'ai participé aux luttes contre la réforme des retraites de Macron, et aux autres depuis 2003 mais aussi à plusieurs mobilisations contre des projets économico-policiers (TCE, loi Sécurité globale, lois sur l’immigration...). Tous ces grands projets, qu'ils soient au prétexte de la démographie, de la sécurité ou du sport, participent aux logiques de droite voire nationalistes : en nourrissant les fonds de pension et les actionnaires, en creusant les inégalités, ils aggravent la misère, précarisent les femmes, détruisent le vivant et attisent les colères sociales.

Il nous faut des projets qui garantissent l'égalité, des vies et des droits, et permettent de vivre dignement. Et pas du greenwashing mais de vrais progrès en matière d'écologie.

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