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Billet de blog 25 mai 2025

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Pantin : les squats s’organisent contre les expulsions !

Mardi 6 mai, nous étions une petite foule face à la mairie de Pantin pour soutenir les résident.e.s de deux squats : La Trotteuse et Al-Zol. Contre les logiques municipales et préfectorales qui tendent à démanteler les lieux de vie populaires pour mieux valoriser le mètre carré, défendons les solidarités et la justice sociale !

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« La Trotteuse, pas d’expulsion ! Al Zol, pas d’expulsion ! La Kunda, pas d’expulsion ! La Baleine, pas d’expulsion ! »

Ce soir du 6 mai, nous étions avec les résident.e.s de La Trotteuse, ancienne usine abandonnée depuis des années par le proprio, et habitée depuis 3 ans ; et du Zol, un bâtiment de la région Ile-de-France inoccupé jusqu’à ce que quelques dizaines de personnes s’y installent. Plus de 100 personnes vivent dans ces lieux, parfois avec des enfants. Elles y travaillent, participent à la vie du quartier, organisent des cantines solidaires, des rencontres culturelles ou politiques. Aucun de ces lieux ne fait l’objet de projet immobilier et rien ne devrait justifier leur expulsion. Rien… sauf la volonté des autorités de pratiquer un « nettoyage social », selon une logique de gentrification qui consiste à vider puis à vendre chaque parcelle aux promoteurs. Ces enjeux étaient déjà d’actualité lors du précédent rassemblement, le 26 mars 2025.

Illustration 1
Rassemblement du 26 mars 2025 devant la mairie de Pantin © Jan F
Illustration 2
Marche dans la ville de Pantin pour porter la voix des squats, 14 mars 2025 © Jan F

On était là aussi pour soutenir la délégation des squats, reçue par l’adjoint au maire pour les Actions sociales et solidaires. Ce n’est pas la première entrevue : les précédentes rencontres avaient donné lieu à de vagues garanties, des promesses d’intervention des services sociaux, des « On vous comprend, mais bon on ne peut pas décider à la place du préfet ». Or la mairie a des marges de manœuvre et doit prendre ses responsabilités. C’est ce qu’ont martelé des représentant.e.s d’assos et de collectifs :

Avant tout, salut aux résidents des squats qui ont pris le micro pour témoigner de leurs vies et des menaces qui pèsent sur leur avenir.

Solidaires 93 était là pour montrer comment les menaces d’expulsions actuelles font suite au nettoyage social imposé lors des JO2024 ; elles suivent aussi la Loi Kasbarian-Bergé, qui permet de poursuivre et de persécuter les personnes qui occupent des lieux désaffectés.

La présence du collectif de défense des jardins d’Aubervilliers était une évidence, tant il participe à défendre des usages collectifs de la ville. Le collectif reprend aujourd’hui la lutte face à un projet d’écoquartier (un concept qui permet d’allier le greenwashing et la gentrification) qui menace à nouveau les jardins d’Aubervilliers. ¡¡ Annonce : prochaine AG du collectif, le 7 juin aux Jardins d’Aubervilliers !!

La BSP, Brigade de Solidarité Populaire active à Aubervilliers, a pris la parole pour dénoncer les effets de la Loi Kasbarian-Bergé, et l’impact de la disparition des habitats alternatifs sur les luttes collectives. Or les squats sont des lieux d’organisation et d’échanges politiques ; de nombreuses assos et collectifs se sont d’ailleurs réunies à la Trotteuse pour des concerts, des réunions, des formations : Libération animale, Intercollectif pour le Logement, Legal Team, Street medics, Comité Vérité & Justice, Festival Ciné Palestine, Urgence Palestine, Inculpés du 8.12, Ciné club queer, Cyclofficine de Pantin, Soulèvements de la Terre, Midi du Mie, Saccage2024, etc.

La Kunda, squat de Vitry très actif et ouvert sur l’extérieur mais qui entre dans la période d’expulsabilité, se mobilise avec l’intercollectif pour le Logement. A Vitry, une campagne s’organise autour de la loi pour la réquisition des logements vides. Cette loi est un levier pour défendre le droit des mal logé.e.s. C’est un enjeu important : en Ile-de-France, des dizaines de milliers de logements sont vides et disponibles.

Pantin Solidaire, qui accompagne des personnes réfugiées sur le territoire, est venue soutenir les squats au nom de la défense des droits fondamentaux. Tout comme des résident.e.s de La Baleine, lieu pantinois occupé depuis longtemps par des dizaines d’artistes et également menacé de fermeture, leur présence soutenante. Enfin, des résidents des squats ont pris le micro, pour témoigner de leurs vies et des menaces qui pèsent sur leur avenir.

 *  *  *  *  *

On s’est ensuite retrouvé.e.s pour profiter de la savoureuse cantine préparée à la Trotteuse, et pour prendre connaissance du bilan de la rencontre et des engagements de la mairie :

  • A savoir : aucun des deux bâtiments ne fait l’objet d’un projet immobilier imminent.
  • En cas d’expulsion, la mairie s’engage à loger tout le monde dans un lieu municipal, avec des repas et du couchage… au moins pour une nuit et sans engagement de durée. Une nuit ! et après ? la rue ?
  • La mairie propose que les personnes de Al-Zol et de la trotteuse acceptent de rencontrer le service social pour bénéficier d’un diagnostic social et d’un suivi administratif. La mairie affirme que proposer ce dispositif est une stratégie : garantir des actions d’insertion sociale, c’est gagner du temps face aux velléités d’expulsion de la préfecture. Une association serait mandatée par la ville pour visiter les squats et faire un « diagnostic social ». Chaque résident.e est libre d’accepter ou pas cette visite.
  • Au sein de ce diagnostic social, une agent serait missionnée auprès des mineur.e.s de la Trotteuse pour étudier leurs situations. La préfecture devrait mettre en place un dispositif de logement des familles vivant à la Trotteuse dont les enfants sont scolarisés à Pantin… mais aucune date n’est avancée.
  • La mairie n’a aucun écho des projets de la préfecture, ni dates, ni projets, mais s’engage à tenir les résident.e.s au courant de ce qu’elle pourrait apprendre.

Les garanties sont maigres et les incertitudes perdurent. Ce qu’on exige des autorités, c’est de laisser les résident.e.s dans les bâtiments, ou de proposer des solutions pérennes de relogement. Personne à la rue ! Des logements pour tou.te.s !

 *  *  *  *  *

En attendant, la pétition de soutien est toujours à partager et à signer ! Le texte nous alerte : « Alors que le fascisme et le racisme ne cessent de se propager, il est important que les élus locaux, notamment de gauche, prennent position et agissent concrètement sur leur territoire. (..) Défendre les squats, c’est aussi défendre la possibilité de vivre contre l’individualisme imposé par le capitalisme. C’est un moyen de continuer à créer des liens de solidarité et de lutter ensemble pur un monde plus juste. »

Rejoignez les prochaines mobilisations :

- Dimanche 8 juin 2025 : cantine + soirée de soutien, dès 18h à La Trotteuse : 61 rue Charles Nodier, Pantin (métro Hoche, ligne 5)

- Mardi 10 juin 2025 : rassemblement et cantine de rue à 17h30, devant la mairie de Pantin.

Illustration 3
Mobilisations les 8 juin et 10 juin 2025

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