cet article fait partie d'un ensemble sur les élections présidentielles Françaises de 2017.
A Le dégout du politique
Depuis pas mal d’années, les Français ont l’impression que « les politiques » les mènent en bateau.
Qu’il s’agisse de promesses non tenues, de retournement de veste (mon ennemi, c’est la finance !), de trahison (loi travail) ou carrément d’enrichissement personnel (fraude fiscale, détournement d’argent public ou corruption : famille Le Pen, Cahuzac, Sarkozy, Balkany, Eric Woerth …), les affaires succèdent aux tromperies et l’impression qui domine semble être le « tous pourris, qu’ils s’en aillent! ».
Le fait est que la politique poursuivie semble rester la même, quel que soit le résultat de l’élection. L’exemple le plus frappant est le contournement du non au référendum de 2005 par Sarkozy, grâce à l’abstention d’un PS complice.
B Une offre politique insatisfaisante
Il y a 50 ans, on votait pour préserver la morale chrétienne, pour défendre la propriété privée ou la classe ouvrière. Avec l’augmentation du niveau culturel, le mélange croissant des situations sociales et l’augmentation du niveau d'information permis par la multiplication des médias, chacun se fait maintenant sa représentation du monde et a un avis sur tout. C’est un grand enrichissement intellectuel, mais du coup, il devient impossible à un mouvement politique de présenter une offre qui convient à 100 % d’une partie conséquente de la population. Il s’ensuit un triple mouvement :
affaiblissement du nombre de militants encartés, satisfaits par 100 % de l’offre d’un parti.
Développement de l'adhésion à d’innombrables associations centrées sur une thématique particulière
apparition de partis « fourre-tout »,au programme flou, voire contradictoire, rassemblés autour d’un chef charismatique.
Devant cette offre bigarrée, chacun peine à trouver le bulletin de vote qui le satisfasse à 100 %.
À ce propos, on entend parfois dire que tel ou tel responsable politique a une trop forte personnalité, qu’il est un despote ou un tyran. Soyons clairs : c’est obligatoire. Mener un mouvement politique, c’est maintenir en permanence la cohérence d’un groupe de milliers d’individualités fortes et hyperactives, faire travailler ensemble de multiples tendances divergentes, et mener des campagnes terriblement épuisantes. Les gens capables de ça ont forcément des personnalités hors du commun.
C l'abstention, un réflexe qui se comprend.
Devant l’impression colportée par les médias :
que les hommes politiques s’accordent tous sur une même politique d’austérité, favorisant l’enrichissement des plus riches en développant pauvreté et précarité
que beaucoup d’entre eux profitent largement du système,
que la justice, si prompte à s’attaquer aux auteurs de peccadilles, ne s’attaque jamais aux puissants
que le résultat des votes est immédiatement bafoué par ceux-là mêmes que l’on vient d’élire,
de nombreux citoyens renoncent à voter.
D Pourquoi voter quand même
D.1 Le vote a un résultat
Le problème est qu’on ne vote pas pour se faire plaisir, mais pour un résultat concret : élire des personnes qui vont prendre des décisions ayant une influence majeure sur notre vie de tous les jours. Du vote des Français vont dépendre des options radicalement différentes concernant le fonctionnement de l’école, du système de santé, des transports, du niveau des impôts ou de la TVA que nous payons chaque jour.
D.2 La politique est un compromis
Pour chaque point à trancher, il faut dégager un compromis. On est 30 millions à voter, avec chacun nos opinions toutes différentes. Le boulot du politicien (et ce n’est certainement pas facile), c’est de dégager à chaque fois des majorités. La conséquence est qu’il est impossible de faire plaisir à tout le monde tout le temps, même dans son propre camp.
Disons-le clairement : sauf lavage de cerveau, personne ne trouvera jamais un mouvement politique avec lequel il sera entièrement d’accord. Être politiquement responsable, c’est donc accepter de différer certaines options, voire d’y renoncer, afin de faire passer ce qu’on estime être l’essentiel.
D.3 l’abstention, une voie sans issue ?
Quand on vote, on sait parfaitement, et on l’accepte par avance, que celui qu’on aura désigné ne portera certes pas 100 % de notre pensée, mais au moins qu’il propose une direction qui nous agrée.
En pratique, celui qui ne vote pas aura laissé élire celui qui a été élu par les autres Français : il aura voté, bon gré mal gré, pour le vainqueur, et laissé les autres le faire à sa place. Est-ce satisfaisant ?