cet article fait partie d'un ensemble sur les élections présidentielles Françaises de 2017.
La famille Le Pen
Une petite entreprise familiale hautement profitable, puisque sans avoir jamais réellement travaillé, la famille dispose d’un patrimoine et d’un niveau de vie enviable.
A.1 Les spécialistes du boniment
Surfant sur l’insatisfaction des Français et la trahison des partis politiques dominants (chapitre précédent), ces habiles baratineurs reprennent, selon leur auditoire, le programme social des partis de gauche, les revendications des cathos intégristes ou les exigences BOF (beurre-oeuf-fromage) des boutiquiers ou patrons de bistros, la clientèle poujadiste du parti initial. Le tout cimenté par le rejet identitaire de toute faute sur l’Autre. Lequel Autre étant, selon les circonstances, le communiste, le syndicaliste, le juif, le fonctionnaire, le nègre ou l’arabe. Le pire étant évidement l’arabe syndicaliste fonctionnaire communiste, et il n’en manque pas !
A.2 Et de l’esquive
Cela permet à bon compte d’éviter de discuter des mesures remettant en cause la main mise de la finance sur la société.
Or, la réalité (l'analyse des votes du FN au parlement européen) permet de mettre en doute la sincérité de ce baratin opportuniste. Dans tous les cas, ce qui a été défendu, c’est ce qui allait dans le sens du plus pur ultra libéralisme, y compris quand il s’est agi récemment d’interdire le statut du travailleur détaché.
A.3 un handicap : les affaires
Une bonne partie du succès du FN repose sur son assertion : tous pourris sauf moi.
Quand on gratte un peu pour savoir d’où la famille tire son argent, on trouve des bizarreries ; captation d'héritage, magouilles autour d’imprimeries (avec des morts suspectes, comme Stirbois).
Ceci n’est pas réservé à la famille, et le parti « anti système » sait bien en profiter, du système : en pratique, de nombreuses condamnations des élus à la tête haute.
La réalité sort du bois : le FN triche à grande échelle. Il est bien possible que le pouvoir ait attendu le moment opportun pour lâcher les affaires ; cela n'empêche pas la réalité d’exister :, la famille qui prétend avoir les mains propres a le slip sale !
Pour son électorat BOF, pas d’inquiétude, ce sont des gens qui trouvent normal de frauder le fisc, de gruger le client et de profiter de toutes les « bonnes occasions ». Chez eux, l’évasion fiscale est un sport quotidien. La rigueur de la loi, c’est pour les voleurs de mobylette, pas pour les délinquants en cols blancs qui nous coutent 10 fois plus cher.
En revanche, pour l’électorat populaire, qui souffre de la régression des services publics et qui n’a ni la possibilité ni l’habitude de la fraude, cela risque de coincer...
A.4 une idéologie mal dissimulée et un entourage douteux.
Le problème du FN, c’est que derrière un discours poujadiste ancien, auquel s’ajoute récemment dans certaines régions un parfum social emprunté à la vraie gauche, on trouve en grattant un (petit) peu des relents nauséabonds.
Le père LePen était lié avec des nazis notoires, dont Léon Gaultier (https://fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Gaultier), collaborateur devenu officier des Waffen-SS, avec lequel il a fondé la société d’édition de musique militaire qui lui a permis des années durant de se prétendre petit chef d’entreprise ; Léon Gaultier faisait partie des cofondateurs du FN en 1972. L’autre associé de Le Pen était Pierre Durand (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Durand_(journaliste)) , proche d’Henri Botey, roi des proxénètes parisiens.
Le reste de la famille n’a pas rompu avec cette tradition. On retrouve de nombreux anciens membres du GUD, d’Occident et d'autres groupes violents d’extrême droite dans l’entourage proche de la famille.
Quelques morts douteuses : François Duprat (n°2 du FN à l’époque), Jean-Pierre Stirbois (secrétaire général et imprimeur), Yann Piat
A.5 une « normalisation » mal maitrisée
Marine Le Pen a décidé qu’il était plus rentable de se lancer à la conquête du pouvoir que de racketter les adhérents. Cela nécessite de pacifier le discours et se séparer régulièrement des cadres qui ont laissé poindre leur vraie nature.
Mais d’autres restent.
5.1Axel Loustau,
trésorier du microparti de Marine Le Pen, il étale ses idées radicales sur plusieurs comptes anonymes. Aucune trace dans la vitrine officielle. C'est sous des comptes pseudonymes (Edmond Dantes) ou anagrammes de son nom (Alex Talusou, Alex Soulatu, Alex Saloutu ou encore Ax EL) qu'il s'exprime sans complexe, où il converse souvent avec son acolyte Frédéric Chatillon, autre vieil ami de Marine Le Pen reconverti dans la communication, au cœur de la campagne présidentielle (dont il est salarié). Lorsque celui-ci est mis en cause dans les Panama Papers, en avril 2016, pour son montage offshore, Edmond Dantes monte au créneau pour défendre « un chef d'entreprise honnête qui a investi en Asie ».
Le groupe aime bien jouer avec les dates. Comme ce 1er mai 2009, lorsque Frédéric Chatillon écrit qu’il a « encore déroulé avec la fine équipe », « celle du 30 avril », jour du suicide d’Adolf Hitler. « Il fallait nous remonter le moral ; ça a bien marché », ajoute ce vieil ami de Marine Le Pen. Un autre ancien du GUD embraye : « Oui en effet quelle triste journée… il nous manque beaucoup !!! »
Ils ont été appuyés par nos témoignages recueillis auprès de proches du groupe d'Axel Loustau, relatant de l'intérieur les « soirées nazies » de ce cercle et les commémorations de l'anniversaire d'Hitler (voir ici, là, ou encore là). On a aussi une vidéo hallucinante, avec Loustau de face et Chatillon de dos.
https://www.mediapart.fr/journal/france/060417/le-tresorier-de-marine-le-pen-se-dechaine-sur-facebook
A.6 un abandon massif par les adhérents
En fait, le FN mystifie aussi bien ses électeurs que ses élus. Si le noyau dur lepeniste est effectivement constitué d’un petit groupe de nazillons ou de pétainistes méchants et violents, la forte croissance du parti l’a amené à mettre sur ses listes de braves gens un peu paumés et pas très au courant. Quand ils découvrent la réalité du parti, bon nombre s’en vont horrifiés. On en parle peu, mais en deux ans, 400 élus sur 1 500 ont claqué la porte du FN. Adhésion et démission sont le lot de tous les partis, mais ce chiffre de 28% est considérable."
source reportage "les cocus du Front" dans "là-bas-si-j'y-suis", témoignage très instructif sur les techniques de recrutement pratiquées,
A.7 en résumé :
On connaît le génome du FN. Ceux qui veulent "renverser" la table pour montrer leur colère (souvent légitime parce que le système néolibéral les a exclus ) doivent savoir que la table va en premier leur retomber sur la tête. Le néolibéralisme économique a ressuscité le fascisme et lui a donné sa nouvelle vigueur. Il faut décrire le système totalitaire qui s'installera dans le quotidien avec le FN : intimidations, menaces, censure, interdiction des manifestations, mise au pas des médias, de la Justice , disparition des corps intermédiaires, etc. Erdogan, Poutine, Bachar el Assad, des références pour Le Pen, montrent la voie.