Hamon
cet article fait partie d'un ensemble sur les élections présidentielles Françaises de 2017.
A.1 L’homme surprise !
Le vote de la primaire a propulsé Benoit Hamon comme candidat du PS. On se demande si c’est le PS qui a voté, ou le peuple de gauche ; c’est le problème des primaires ouvertes à n’importe qui.
Peu importe, l’homme propose un programme finalement bien sympathique.
Il remet en cause la plupart des trahisons de l’équipe Hollande, veut stopper la politique de l’austérité, introduire un minimum de social dans l’Europe et renégocier les traités, instaurer un revenu universel, verdir un peu la politique.
Il a juste quelques difficultés : comment prévoit-il de mener sa politique ? Il a deux gros problèmes, et un petit.
A.2 Le PS
Commençons par le petit problème : l’état major du PS est contre lui, et appelle à voter Macron. L’attrait de la soupe.
Ce n’est pas très grave, car il peut s’en passer pour les élections, et en cas de victoire, la soupe ayant changé de camp, on assistera au retour des éléphants.
A.3 Le blocage européen
Une bonne partie de son programme est incompatible avec les règles européennes. Cela nécessiterait en amont de modifier les traités, et Hamon veut renégocier les traités. Mais Hamon refuse de quitter l’Europe. Partir à la négociation en disant « si vous ne voulez pas, finalement on obéira quand même », c’est s’assurer de rééditer l’échec subit en 2012 par Hollande, qui a renoncé à toute velléité de renégociation dès la première réunion avec Mme Merkel.
A.4 Quelle majorité ?
Malheureusement pour lui, le PS a déjà désigné les candidats pour les élections législatives. En cas de victoire, Hamon se retrouvera avec une assemblée contre laquelle il a lutté pendant 5 ans. Valls, Le Drian, Sapin et consorts, ceux qui ont accepté la loi Macron, la loi travail, les traités européens, la politique de l’offre, sont-ils ceux qui pourront les défaire ? Qu’il soit permis d’en douter.
Et surtout, comment imaginer que les électeurs qu’ils ont floués accepteront de les réélire ??
Il est à prévoir une hécatombe dans les rangs du PS aux législatives.
Alors, comment Hamon pourrait-il mener la politique qu’il nous présente ? C’est simple, il fera comme Hollande : le contraire de ce qu’il a dit.
A.5 Une image rejetée
Pour la population en général, la politique menée depuis 1983 est à peu près constante. Elle est exprimée par le prétendu théorème de Schmitt : les bénéfices d’aujourd’hui seront les investissements de demain et les emplois d’après demain. Trente ans d’application ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un théorème, mais d'une pétition de principe cruellement démentie par les faits. On a bien vu les bénéfices, mais au lieu d'être transformés en investissement (qui stagne depuis 30 ans), ils ont disparu dans les paradis fiscaux, et le chômage s’est aggravé. Dans les pays où les chiffres officiels du chômage ont baissé, il s’agit essentiellement d’une illusion d’optique, avec l'aggravation de la pauvreté, de la précarité et du temps partiel imposé. Rappelons ici que la durée moyenne du travail est plus élevée en France qu’en Allemagne, et que bon nombre de « retraités » de 70 ans sont obligés de prendre un temps partiel pour survivre...
Le résultat est que, pour une grande partie de la population, il n’y a aucune différence autre que sociétale entre gauche et droite. Et pour les gens qui sont exclus, le sociétal, ils s’en moquent, ils veulent du boulot et de quoi vivre, un environnement chaleureux et rassurant, pas la compétition de tous contre tous.
Le PS au pouvoir a dévoyé la notion de gauche, et un grand nombre de ceux qui ont voté pour lui affirment avec force qu’on ne les reprendra plus. Le PS, la gauche, c’est définitivement FINI pour toute une partie des salariés et de la classe moyenne en voie de déclassement. Les études sociologiques montrent qu’ils se réfugient majoritairement dans l'abstention, parfois dans le vote FN.
Des militants politiques convaincus peuvent imaginer que Hamon, qui s’est opposé au sein du PS à cette politique, va pouvoir redresser cette image. Cela n’est possible que dans un milieu de citoyens aguerris à la réflexion politique. Dans la vraie vie, le PS va inéluctablement suivre la voie de la SFIO des années 60 ou du PASOK en Grèce : disparaître du champ politique.
Au total : Hamon ne sera jamais élu, et même s’il l’était, il ne pourra pas conduire le programme qui a convaincu ses partisans. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il persiste, ni qui arrive encore à soutenir une campagne perdue d’avance alors qu’il existe des options gagnantes dans le même rayon.