Pratiques N°81 Souffrir ?
La souffrance physique comme psychique, après avoir été plus ou moins taboue, s’est imposée dans le débat citoyen et chez les soignants. Banalisée par les médias, elle désigne indifféremment les évènements dramatiques, les difficultés existentielles, sociales et professionnelles. Les initiatives se multiplient pour répondre aux situations de crise alors que les responsables de tout bord dénient les effets pervers de leurs politiques.
Nombre de chercheurs et militants soulignent que ces souffrances sont liées aux inégalités sociétales comme aux stratégies économiques. Les contraintes créées par les changements de stratégies, profonds et délétères, dans l’organisation du monde du travail et le déni des compétences deviennent insoutenables.
La mise en place de cellules psychologiques, lors d’événements dramatiques, souligne l’importance de lieux où la parole est possible. Cependant, il ne faut pas négliger les liens de solidarité que tissent naturellement les citoyens entre eux.
Un marché de la souffrance se développe, sur lequel fleurissent de nombreuses initiatives lucratives : coaching, gestion du stress, et autres « thérapies » plus ou moins fantaisistes, sans compter la consommation médicamenteuse sauvage pour « tenir » et le risque d’addictions aux opiacés.
La prise en charge de la douleur s’améliore, mais les soins sont de plus en plus formatés et mécanisés, échelle d’évaluation, protocoles etc. D’autres pratiques non médicales permettent d’accompagner les personnes lors d’évènements marquants tels que naissance, maladie et deuil. Les douleurs de l’accouchement, traditionnellement considérées comme un passage obligé, n’ont pas nécessairement le même impact selon la culture et les expériences des femmes.
La souffrance psychique, du fait de sa connotation subjective, est rarement prise en compte car elle n’est pas facilement mesurable et ne répond pas aux critères de tarification à l’acte. Or, la souffrance comme la douleur demandent du temps d’exploration et d’écoute pour être entendues et soulagées.
L’épreuve de la souffrance permet parfois de progresser dans la connaissance de soi.
Une certaine complaisance avec la douleur comme avec la souffrance peut empêcher la personne de chercher une autre issue. En réduisant le sujet au statut de victime et d’objet, elle tend à annihiler la dimension active et revendicative de son existence.
La souffrance et la douleur exposées dans les médias peuvent être instrumentalisées à des fins de recherches de fonds (humanitaire, Sidaction, Alzheimer et autres…) jouant sur l’émotion voire la culpabilisation du public.
À NOTER :
– La case cochée en vert clair devant les articles indique que celui-ci peut être lu directement sur le site. Ce sont soit des articles en accès libre, soit des versions longues d’articles parus dans la revue.
– Conditions d’utilisation des articles de Pratiques.
Sommaire du N°81
Le droit à l’insurrection par Sylvie Cognard (p. 1)
Wiame Haddad, photographe par Philippe Bazin (p. 4)
Ne nous laissons pas voler la Sécu ! par Bernard Friot (p. 6)
Novembre brisé par Isabelle Canil (p. 12)
Le sourire rempart par Brigitte Tregouet (p. 14)
La douleur et ses chemins détournés par Isabelle Baszanger (p. 16)
Expatriation : une souffrance méconnue par Carole Niquet (p. 19)
Le patient souffre comme il le dit par Georges Yoram Federmann (p. 20)
Extimité et souffrances au travail par René Fiori (p. 24)
La douleur, une spécialité d’avenir ? par Guillaume Getz (p. 28)
Marianne par Mathilde Boursier (p. 29)
D’où leurre par Eric Bogaert (p. 30)
La symbolisation en souffrance par Pascale Berroir, François Dulac, Helga Verspeek (p. 32)
Une obsédante question par Patrick Dubreil (p. 34)
Mots pour maux par Eric Gagnon (p. 38)
Pouvoir parler dans l’urgence par Didier Cremniter (p. 42)
Le Burn-out pour les nuls par Marie Kayser, Marie Pezé (p. 45)
La rhétorique du vide par Sandrine Deloche (p. 46)
Conversation avec la douleur… par Sophie Chenay (p. 48)
L’usage de la douleur de l’autre par Christiane Vollaire (p. 50)
# MédecinD’HommesViolents par Nelly N Guyen (p. 54)
Ce lieu où l’on ne veut pas être par Mathilde P. (p. 56)
Ce que le récit offre au soin… par Fabienne Gooset (p. 58)
Que dit la douleur de Pierrick ? par Mathilde Boursier (p. 60)
Soins antidouleurs non médicamenteux par Nadine Burdin (p. 62)
Quels mots pour les maux du travail par Lionel Leroi-Cagniart (p. 64)
Le salut par le symptôme par Françoise Denan (p. 66)
Quand on peut donner sens à la douleur par Sylvie Cognard (p. 69)
Le chant des cors par Annie-Maria Madeleine (p. 72)
La chenille et le papillon par Catherine Molina d’Aranda (p. 76)
IPP, évaluer la douleur ! par Yveline Frilay (p. 77)
Sédation à domicile : mythes et réalités par Séraphin Collé, Pauline Daire (p. 78)
Pourquoi ? par Jacqueline Dubreil, Marc Dubreil (p. 81)
Faut-il attendre que le vase déborde ? par Anne Perraut Soliveres (p. 84)
La guerre de l’opium n’aura pas lieu par Lanja Andriantsehenoharinala (p. 85)
Sororité et distinction par Sophie Avarguez, Aude Harlé (p. 88)
Ethique d’un médecin de famille, de Marc Jamoulle par Marc Jamoulle, Marie Kayser (p. 90)
Les Coupes par Philippe Bazin, Marie-Hélène Lafon, Muriel Martin par Philippe Bazin, Isabelle Canil, Marie-Hélène Lafon, Gaspard Martin (p. 91)
Interprétariat en médecine générale par emmanuel BAUDRY, Emmanuelle Coulange, Anne Fallai, Marie-Ange Lecomte, Françoise Oheix, Louis-Marie Raimbault, Rosalie Rousseau, Adrien Rousselle (p. 92)
La fièvre du clic, un nouvel ordre par René Fiori (p. 93)