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Billet de blog 2 juin 2025

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Avec Strasbourg étendons le soutien des municipalités à la Palestine !

Un collectif de citoyen·nes strasbourgeois·es dénonce la mauvaise polémique qui est faite à la Maire de Strasbourg, au sujet d’un projet de jumelage de la ville avec un camp palestinien de Cisjordanie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Des articles rendent compte d’une polémique qui enfle autour de deux photos prises lors de l’accueil par la maire de Strasbourg d’une délégation palestinienne en vue d’un jumelage avec le camp de réfugiés d’Aïda. 

Illustration 1
Jeanne Barseghian reçoit, de la délégation palestinienne, une carte historique de la Palestine qui date d’avant la création de l’État d’Israël © Strasbourg.eu

Nous saluons tout d’abord cette initiative, un symbole que nous appelions de nos vœux, estimant que la Ville de Strasbourg était bien trop silencieuse et frileuse sur le conflit au Proche-Orient.

Après près de 20 mois de bombardements sur Gaza, enfin des voix se font entendre venant de personnalités juives comme Delphine Horvilleur, Joann Sfar et Anne Sinclair, qui disent à présent leur dégoût du massacre en cours et du mode d’action de l’armée israélienne commanditée par un gouvernement dirigé par un criminel de guerre présumé.

A Strasbourg au contraire, des personnalités de la communauté juive appuyées par toute l’opposition municipale, y compris de « gauche », s’en prennent à nouveau à notre maire Jeanne Barseghian, reprenant les mêmes accusations malveillantes qu’en 2021 lors du débat au conseil municipal sur la définition de l’antisémitisme…

Cette fois-ci, ce sont un foulard (keffieh) et une carte qui sont objets du litige. 

Ô horreur, Jeanne Barseghian a osé porter un foulard symbole de la Palestine ! Où est le problème ? Etes-vous donc pour la disparition de la Palestine ? Et le drapeau israélien qui flotte devant la synagogue de la Paix à Strasbourg, de quoi est-il le symbole ? Du soutien inconditionnel à Israël et de l’importation du conflit ? (Notons que la grande mosquée s’abstient sagement de déployer le drapeau palestinien…).

Quant à la carte qui afficherait « l’effacement même d’Israël » selon Pernelle Richardot, il s’agit de la carte historique de la Palestine sous mandat britannique.

Elle ne peut effacer ce qui n’existait pas «  en son temps ».

Rien à voir avec les cartes brandies par Netanyahou en 2023 et 2024 à l’Assemblée générale de l’ONU où Gaza et Cisjordanie n’apparaissent pas, et pire encore avec celle du Grand Israël qui englobe tout ou parties du Liban, de l’Egypte, de la Syrie, de la Jordanie, de l’Irak… 

Aujourd’hui, malheureusement ce n’est pas seulement sur une carte que Gaza est effacée mais bien sur le terrain qu’elle disparait, que sont détruites ses habitations, ses écoles, ses universités, ses hôpitaux, son patrimoine historique, ses cultures… et des dizaines de milliers de ses habitants. Sans parler de la Cisjordanie toujours plus grignotée et martyrisée par les colons et l’armée…

Pourrait-on en vouloir à des peuples massacrés, colonisés et expulsés, tels que les Indiens d'Amérique, de brandir et d’offrir , pour rappel de leur histoire,  une carte historique de leurs territoires avant la Conquête espagnole ou d'avant la Conquête du Far-West, tels aussi que les Canaques ou les Algériens d'avant la colonisation française ?

Ce n’est en aucune façon la légitimation de l’effacement d’Israël.

Comment peut-on même l’imaginer ?

Il est vrai, toutefois, que l’on aurait pu se passer de cette polémique inutile.

L’argumentaire des protestataires est connu : pour ce jumelage, un acte bienvenu et symbolique de considération envers la Palestine et les Palestiniens, la Maire est accusée de visées électorales. Selon un responsable du Consistoire et ancien élu, « sa démarche relève avant tout d’un calcul politique, surfant sur la propagande du Hamas », mais dans la phrase suivante, il la menace d’une sanction dans les urnes ! Et pour ce qui est de la propagande, le monde entier a pu découvrir ces dernières années l’expertise et l’excellence des autorités israéliennes en ce domaine …

Pour avoir pendant des mois tenté d’établir des contacts et échangé tant bien que mal avec des membres de la communauté juive, nous avons malheureusement constaté qu'ils justifient le crime génocidaire de l'armée israélienne au prétexte de la légitime défense et de l'impératif de protéger le " dernier refuge où les juifs seraient en sécurité sur terre", à tout prix, dont celui de l’éradication humaine, sans aucune empathie pour le peuple palestinien massacré.

Force est de constater qu'à ce régime-là, non seulement Israël va devenir l'endroit le plus dangereux pour ses ressortissants mais qu'en plus, il met en péril les Juifs du monde entier qui n'en demandaient pas tant.

Or, accueillir, soutenir, parrainer, se jumeler avec les Palestinien·nes est une contribution au rapprochement, à la coexistence pacifique entre les deux peuples, ici comme là-bas, à Strasbourg comme au Proche-Orient.

Avec Strasbourg étendons le soutien des municipalités à la Palestine ! C’est aussi une manière de lutter contre l’antisémitisme qui est alimenté fortement par la politique génocidaire du gouvernement israélien, lequel met en danger les juifs du monde entier.

Signataires : Bernard Aghina, Georges Yoram Federmann, Alfred Zimmer, Sylviane Poirier, Jean-Claude Meyer, Naïm Ksibi, Bernard Sibieude, Françoise de Turckheim, Pascal Maillard, Anne Dauphiné, Roland Pfefferkorn.

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