Je reproduis ci-dessous l’intervention que j’ai faite lors du débat public Front populaire organisé par l’Alternative étudiante à l’Université de Strasbourg ce 13 juin 2024. Rue 89 Strasbourg a rendu compte de cet événement.
J’ajoute en préalable à la publication de ce bref discours, la révolte qui a été la mienne ce midi quand j’ai découvert que la retransmission de la conférence de presse du Front populaire a été interrompue par trois chaines d’information continue à l’instant même où l’ouvrier Abdel Ait Ouazghour a pris la parole : CNews, BFM et LCI. Seule France-Info nous a permis d’entendre l’ouvrier automobile licencié ainsi que le directeur de Greenpeace. C’est dire le mépris de classe que manifestent les médias « mainstream ». Ceux-ci concourent puissamment à la fabrication idéologique du fascisme.
Ça y est, nous y sommes, nous sommes face au mur du Front national, un mur construit pendant 40 ans par les gouvernements successifs de gauche et de droite, un mur sur lequel le pouvoir de Macron a fini d’appliquer le bel enduit de la respectabilité en imposant des politiques qui sont déjà celles du Front national. La Loi immigration de Macron a la couleur brune du fascisme et du racisme qui constitue l’identité historique du Front national. Et je dis bien « Front national » et non pas « Rassemblement national ».
Parce que « Rassemblement national » est une imposture. Le Rassemblement national, c’est le parti de la division nationale, c’est le parti de la haine nationale. La haine de l’étranger, la haine de la différence et des diversités, la haine de l’étrange, la haine de la bigarrure et des minorités, la haine de la nouveauté et de l'inconnu, la haine des genres et des multitudes, la haine de l'autre, la haine de l’étudiant étranger, la haine des musulmans et des juifs, la haine de la liberté académique si chère aux universitaires.
Nous ne voulons pas que cette haine-là prenne le pouvoir. C’est ce qui nous réunit, c’est ce qui nous oblige aujourd’hui à l’union de toutes les forces politiques, syndicales et associatives, de toutes les forces citoyennes que compte notre pays.
Mais attention, cette haine, nous ne devons pas la laisser s’installer en nous et la retourner contre les électrices et les électeurs du Front national, qui se laissent abuser par les fictions du rassemblement. Nous devons aller vers elles et vers eux pour leur montrer inlassablement qu’ils et elles se trompent, se font abuser et qu’ils et elles seront les premières victimes de la politique du Front national, qui est déjà celle de Macron, une politique néolibérale autoritaire et préfasciste. Il nous faut convaincre celles et ceux qui se trompent, il faut aller les voir, leur parler, il faut savoir les convaincre.
Mais il nous faut aussi nous tourner maintenant vers celles et ceux qui ont fabriqué l’imposture du Rassemblement national, au premier rang desquels des médias et des journalistes asservis à des pouvoirs politiques et financiers qui ont construit jour après jour, émission après émission, article après article, l’empire du confusionnisme, le règne du mensonge, la négation de l’histoire, la banalisation de la haine.
Il faut enfin nous dire et dire partout, en tous lieux et toujours, qu’avec le fascisme on ne transige pas. Le fascisme, on le combat. Ici et partout en Europe, et dans le monde. Front à front.
Aujourd'hui un espoir immense se lève. Il ne peut pas être déçu. Le Front national ne passera pas. Le Front populaire l’emportera.
Pascal Maillard,
Université de Strasbourg,
Le 13 juin 2024