Une manipulation grossière au procès de Pinar Selek :
Le parquet turc attaque l’enseignement supérieur et la recherche françaises Communiqué de presse de la Coordination des collectifs
de solidarité avec Pinar Selek
Le 27 juin 2024
Alors qu’une nouvelle audience du procès de Pinar Selek se tient le 28 juin à Istanbul, les avocats de la sociologue ont porté à notre connaissance une manipulation aussi grossière que scandaleuse. Une pièce ajoutée au dossier d’accusation par le Procureur turc prétend qu’un événement scientifique auquel Pinar a participé en France, aurait été organisé par « l’organisation terroriste PKK ». C’est non seulement faux, mais diffamatoire envers les institutions d’enseignement supérieur et de recherche françaises.
Dans les faits, Pinar Selek a animé une conférence le 11 avril 2024 portant sur les femmes migrantes et la question kurde dans le cadre du festival "Printemps des migrations", organisé non par le PKK, mais par le laboratoire URMIS (Unité de Recherches MIgrations et Société), sous tutelle de l’Université Côte d’Azur, de l’Université Paris Cité, du CNRS et l’Institut de Recherche pour le Développement.
Nous dénonçons avec force cette manipulation éhontée qui porte atteinte à la réputation non seulement de Pinar Selek, mais aussi aux institutions scientifiques françaises. Face à un dossier d’accusation, entièrement fabriqué et absolument vide de toute preuve contre l’intellectuelle engagée poursuivie depuis 26 ans, le pouvoir turc s’enfonce toujours davantage dans le mensonge. Il y ajoute aujourd’hui la calomnie contre l’Université et la Recherche française.
Nous joignons nos protestations les plus vives à celles des autorités académiques françaises et demandons une fois de plus Vérité et Justice pour Pinar Selek.

Un procès politique contre la liberté académique et la liberté d’expression
Communiqué de la Coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek
Le 28 juin 2024
Une fois encore notre mobilisation a payé : les collectifs de solidarité et la délégation nombreuse à Istanbul ont déjoué la manoeuvre du Ministère de l’intérieur turc, dans sa tentative d’assimiler une conférence universitaire organisée en France sous la responsabilité de l’Université Côte d’Azur, de l’Université Paris Cité, du CNRS et de l’IRD, à un “acte terroriste”. Il s’agissait d’étayer sa demande de notice rouge à Interpol, afin d’établir des liens supposés entre Pinar Selek et le terrorisme.
Les institutions académiques françaises ont immédiatement protesté avec véhémence dans un courrier officiel adressé à la Cour en amont de l’audience d'aujourd'hui. La plaidoirie d’un des avocats de Pinar Selek a permis de démontrer l’inanité de cette manœuvre calomnieuse et diffamatoire, qui essaie d’influencer les juges du Tribunal d’instance d’Istanbul, ainsi que de nous intimider toutes et tous, en Turquie comme en France. Aussi, le juge a-t-il annoncé un nouveau report d’audience au 7 février 2025 demandant la présence de Pinar Selek en refusant qu’elle soit entendue par voie de commission rogatoire, comme le permet pourtant la pratique de l’entraide pénale internationale.
Car, rappelons-le, à chaque fois que Pinar a été jugée (4 fois déjà !), elle a toujours été acquittée ! Le Tribunal d’Instance turc doit prononcer l’acquittement de Pinar Selek, puisque depuis 26 ans, ce dossier ne repose sur aucune preuve mais sur une falsification des faits, visant à faire taire cette universitaire, écrivaine et militante pour la paix. A travers elle, toute recherche, création et parole libre est visée.
Mais nous continuerons à nous tenir aux côtés de Pinar Selek, en Turquie, en France, dans toute l’Europe, comme aujourd’hui et au-delà (aux Etats-Unis, en Inde, en Amérique Latine), pour dénoncer ce procès politique mené contre la liberté académique et contre la liberté d’expression. Nous veillerons à ce que Pinar Selek puisse continuer à travailler et à s’exprimer librement en dépit de ces nouvelles menaces. Nous ne permettrons pas que le pouvoir turc continue son acharnement, et ses tentatives d’ingérence dans la justice, la recherche, la création et son expression citoyenne. Nous serons à Istanbul le 7 février et jusqu’à ce que justice soit rendue à Pinar Selek pour son acquittement définitif.