Conversation avec Anne, hier :
Arrêtons de parler d’après, comme si on allait retourner à la normale. Il faut faire maintenant, tisser comme on peut des solidarités, et en agissant nous viendront les idées qui manquent pour le moment.
C’est vrai que dans le climat de déliquescence intellectuelle, face au silence de ceux qui d’habitude jacassent, il est bon de se dire que, peut être, voici venue l’occasion d’une praxis, (allez, un gros mot).
D’ailleurs les intellectuels patentés ne sont pas les seuls à pédaler. Tous, nous traînons un boulet, fait de stupéfaction, d’appréhension, de colère et de rage impuissante. Autour de nous, je n’arrête pas d’entendre des gens, amis ou connaissances, qui remarquent ne pouvoir produire une réflexion, être bloqués dans leur création artistique, ou tout simplement avoir l’esprit voilé par une nébuleuse de dépression et d’attente.
Où est le verrou ? Dans le monde déjà derrière ou celui qui est devant ?
Fin de soirée, une session Jitsi avec Javier et Leo de México D.F. Le même age que nous, confinés dans leur colonia, avec humour et philosophie. Leurs enfants font les courses pour eux, et les photos et vidéos du petit fils leur apportent distraction et espoir de futur.
Mais l’espoir nous empêche d’agir.
car » c’est seulement à cause de ceux qui sont sans espoir que l’espoir nous est donné. »