pascal Rougier (avatar)

pascal Rougier

Claude Rougier, traductrice et chercheure

Abonné·e de Mediapart

60 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 mars 2020

pascal Rougier (avatar)

pascal Rougier

Claude Rougier, traductrice et chercheure

Abonné·e de Mediapart

Journal de pandémie.1.

pascal Rougier (avatar)

pascal Rougier

Claude Rougier, traductrice et chercheure

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dimanche matin. Valreas.

Bon, cette nuit, je me suis réveillée et j'ai pensé : lundi, on n'entendra pas passer les enfants. J'ai eu du mal à me rendormir. J'ai également pensé que jeudi dernier, au café, j'ai peut être bu la dernière gorgée de bière d'un moment. Il faisait doux,  un souffle descendait des collines sur la place du marché de Nyons.

Chaque jour, la pandémie ou du moins son traitement modifie quelque chose d'autre dans notre vie quotidienne.   La semaine dernière, je me contentais de n'embrasser personne ni de serrer la main à qui que ce soit. Cette semaine, je suis passé devant  la maison d'amis à moi âgés, et je ne suis pas allée leur dire bonjour; Je n'ai pas rendu visite à une amie qui travaille en lycée. Dans le premier cas, c'était pour préserver mes amis,dans le second, c’était aussi pour me préserver moi. Il y a des choses que je fais autrement mais je ne sais pas toujours pourquoi exactement.

Je ne vais plus à la piscine, qui d'ailleurs est fermée,  je crois. Pas à cause de l'eau, mais des vestiaires. Je vais par contre à la bibliothèque qui n'est pas encore fermée. j'ai donc été assise à cote de gens. J'ai touché divers objets, des écrans,  par exemple, dont j'ignore  de quelle contagion ils peuvent être vecteur. Si quelqu'un a postillonné sur un livre et que je touche après, il se passe quoi? Je me pose des questions stupides de ce  genre.

Donc, pour avoir une réponse à ces questions, je me renseigne, trouve des informations contradictoires, et suis souvent perplexe. Cela alimente le circuit. Je remarque   que jusqu'à la semaine dernière, je pensais peu à la pandémie. J'étais allée à la fac de Grenoble, avait croisé pas mal de gens, et cela ne m'avait pas inquiétée, même si j'avais conscience du risque ; mais la pandémie était une toile de fond pleine d'accrocs. Là, le paysage intérieur se modifie, la perception du quotidien change de couleur. Et la mémoire ramène des souvenirs : le couvre feu en Algérie pendant la guerre d’Indépendance. Vu mon age à l'époque, c'est un souvenir de nuit et d'ombres. Et de peur.

Ah. La peur. 

Je vais essayer de consigner les changements et surtout  les connexions inattendues qu'il rend possibles.

Je vais également essayer de voir comment on communique en temps de coronavirus, Je ne parle pas de communication amicale, mais plutôt d'un questionnement commun , qui nous situe sur un autre plan que celui de la santé. Donc des gouvernements. de la gestion des populations.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.