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Billet de blog 17 janvier 2023

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Le Pérou des gueux

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Le Pérou après Castillo

On lit peu de choses sur le Pérou dans la presse française. Et c'est rarement intéressant. Presque toujours la même litanie : l’incompétence de ex-président, son manque de respect de la démocratie qui l’a mené à dissoudre le parlement. Et l’invocation de l’instabilité du pays depuis des décennies. Que Castillo se soit fort mal tiré d’affaire au pouvoir semble difficile à nier. Mais il avait face à lui un Congrés décidé à l’abattre. D’autre part, le problème, c’est plutôt que le candidat de la gauche , n’ait pas su prendre des risques, mené une politique de droite, et qu’il ait ainsi perdu sur tous les plans.

Quant aux gouvernements européens, depuis le 7 décembre dernier, jour de l’emprisonnement de castillo, ils ont reconnu le gouvernement de Dina Boluarte, au nom du soutien de la démocratie.

Mais que soutiennent ils, la démocratie péruvienne ou la répression mené par le nouveau gouvernement ? Dans Le Monde nous lisons que la population s’est soulevée pour protester contre la destitution de Castillo. Mais les gens qui en ce moment sont blesses ou tués des qu’ils descendent dans la rue, ne prennent pas ces risque pour soutenir un homme qui les a déçus. Ils sont moins determinés à soutenirCcastillo qu’à exiger la demission d’une Boluarte, qui n’a pas tenu so n engagement de soutenir Castillo. les seuls a avoir un programme politique Ils veulent une nouvelle constitution, pas l’actuelle, mis en place sous le mandat de Fujimori, ils veulent des reformes sociales. Et le changement, le parlement qui a éjecté Castillo après seize mois d'obstruction systématique a ses tentatives, ne veut pas entendre parler.

Les régions d'Ayacucho, de l'Apurimac, quechuaphones, où le mouvement de protestation est très fort subissent une violence qui n'est pas une nouveauté pour eux.

S’étonnera-t-on de ce que les mêmes régions au début des années 80, aient été au centre de l'affrontement entre les guerrilleros du Sentier Lumineux et les soldats engagés dans la lutte contre-insurectionnelle de l’état péruvien. Dans ce conflit, les deux armées en présence pratiquèrent le terrorisme vis à vis des populations locales. Ils se comportèrent vis a vis des populations comme vis à vis de soldats aux ordres pour les cadres du Sentier et d'ennemis de la nation, pour les seconds. Dans les deux cas, cette guerre sale qui fit en dix ans plus de 60000 morts, se fit au prix de populations indigènes avec lesquelles le SL n'eut jamais l'intention de partager le pouvoir car il se contenta de les enroler sans les jamais consulter. D’après l'analyse de l'historien péruvien Nelson Manrique ( Manrique, 1992) , le Sentier Lumineux arriva a se rallier une part importante des populations de la région, en particulier, à Ayacucho, parce qu'ils s'appuyait en fait sur une culture de la violence  : la domination féroce des grands propriétaires terriens sur les travailleurs indigénes , ces gamonales critiqués par les indigenistes passait par des methodes dans les quelles la déshumanisation était à l’œuvre . Le mépris du Sentier Lumineux pour les indigènes qu’ils enrôlaient était dans la continuité de la culture violente des gamonales

De son côte l’armée, qui mena la répression des la même région et se comporta comme une armée d’occupation avec des populations soupçonnés de manque de « loyauté », composée souvent de soldats qui venaient de la cote ou de la région amazonienne, réprima avec d'autant plus de violence que les soldats ne consolideraient pas leurs victimes comme de véritables êtres humains.Ils partageaient le mépris que les élites de la cote et de Lima avaient toujours eu pour les habitants de la sierra, des Andes.

Trente ans plus tard, dans la même région, les gens se soulèvent, mais , pour soutenir la démocratie et demander des reformes. Cette fois ci, ils ne cèdent pas aux promesses d’un groupe ultraviolent qui avait su manipuler le désespoir lié à la profonde crise économique de l’époque ( inflation a 2000/° dans le cadre du programme néolibéral de restructuration du FMI pour la zone)

Cette fois ci, ils réclament des reformes, et veulent une démocratie

Mais comme il y a trente ans, on leur tire dessus et un adjectif employé pour designer les manifestants ces jours derniers attire l’attention : les « terrucos », le terme est un diminutif de terrorista, et était employé dans les années 80 pour designer le Sentier . Là encore, l’appellation de terroriste s’impose pour qualifier un mouvement de protestation dans lequel les manifestants sont assimilés à des délinquants, des gens qu’il faut « capturer( termes employés par le président du gouvernement Alberto Otarola lors de la répression de Juliaca).

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