Mercredi
Valréas.
Ce matin, je suis réveillée par un appel de la femme de ménage de mon vieux père. Elle est obligée d'aller travailler et veut savoir si nous souhaitons qu'elle vienne faire le ménage chez mon père. Elle ne dispose. ni de gants ni de masques. A ce propos : c'est un fake le CHU de Grenoble qui demande aux gens de confectionner des masques chez eux et de leur envoyer ? Ça m'a fait penser qu' en Italie, les ouvriers d'une usine se sont mis en gréve pour obtenir des conditions de travail plus décentes.
Aujourd'hui, à Valréas, c'est jour de marché. La moitié des forains ne sont pas venus. Devant les étals, des queues aux formes inédites : la distance est respectée jusqu'aux caisses où, brusquement, toute mesure de précaution semble oubliée, les clients se serrant les uns contre les autres pour payer. Le boucher me dit que c'est normal d'imprimer un formulaire chaque fois qu'on sort. Un formulaire par jour minimum, multiplié par, allons, 3O millions de personnes, multiplié par 15 jours, cela nous mène à la modique quantité de 450 millions de feuilles. 900. 000 ramettes de papier. Je vous passe l'encre des imprimantes. Donc, n'oublions pas l'application. Mais tout le monde n'a pas de smartphone.
Depuis hier ma question c'est :
Comment ça se passe Outremer ?
Comment ça se passe à Mayotte où les Comoriens sont déjà dans une situation dramatique ?
et aussi :
Que vont devenir les migrants des centres de détention qui sont lâchés dans la nature ?
Que vont devenir les prisonniers ? Il y a eu une mutinerie récemment.
Qu'est-ce qui va se passer pour les femmes battues enfermées avec leurs compagnons ?
On ne pourrait pas profiter de la pandémie pour exiger la revalorisation des salaires des infirmiers ?
A part ça, comme chaque printemps, j'ai un voile sur la gorge, tousse un peu et souffre de maux de tête.
Je vais lire les stoïciens.