Jeudi
Valréas.
Pas une bonne période pour les insomniaques. Mais on pense autrement la nuit.
Le temps s'est grippé. Hier après-midi, je faisais du vélo sur les chemins de campagne prés de Valréas ( où j'ai quand même croisé des flics municipaux). Les oiseaux avaient une forme magnifique. Les collines étaient superbes dans le ciel, bleu comme celui de l'enfance, avant le dérèglement climatique.
Est-ce bien le mois de mars ?
Il y a encore deux ans, en cette saison, le ciel était gris, plombé, avec une lumière aveuglante, et des averses puissantes.
Est-ce bien réel ? Je pédalais pensivement. Une nationale désertée au loin. Une joggeuse. un couple de marcheurs âgés.
Les temps déraillent. les deux unités se sont grippées : le temps du travail a été bouleversé, celui de la "nature" aussi.
Peut-on vivre de la même façon quand deux pivots de cette ampleur se déplacent ?
L'opposition actif/non actif prend une autre forme. Le travail révèle comme jamais sa nature violente et sacrificielle : il y a ceux qui peuvent rester chez eux, ceux qui ont accès au télé travail et les autres, qui n'ont pas les conditions de sécurité nécessaire. Le partage travailleurs/chômeurs et retraités perd de son sens. Les retraités, ceux qui étaient dans la marge, deviennent les plus adaptés à cette situation. Comme les enfants, mais une capacité à supporter le confinement nettement supérieure.
Comment tout cela tient ?
Se détend ?
Comment cet engrenage d'engrenages se grippe ?
Jusqu'à quel point?
Comment cela déraille?
ou
Comment on déraille ?