Pascal Santoni

Syndicaliste CGT, ancien directeur du Métafort d'Aubervilliers, lieu d'expérimentation des applications numériques aux projets artistiques et associatifs.

Abonné·e de Mediapart

45 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 avril 2022

Pascal Santoni

Syndicaliste CGT, ancien directeur du Métafort d'Aubervilliers, lieu d'expérimentation des applications numériques aux projets artistiques et associatifs.

Abonné·e de Mediapart

Ukraine. Aux origines du conflit

Face aux conséquences dramatiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il nous faut en identifier les fondements afin d’assurer, après l’arrêt au plus tôt de l’agression et le retrait de l’armée russe, les conditions d’une paix durable et de la sécurité en Europe.

Pascal Santoni

Syndicaliste CGT, ancien directeur du Métafort d'Aubervilliers, lieu d'expérimentation des applications numériques aux projets artistiques et associatifs.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce conflit, entre la Russie et l’Ukraine, a pris une forme violente depuis 2014 à l’Est de l’Ukraine, au Donbass, et après l’annexion de la Crimée. Il trouve son origine lors du démantèlement de l’Union soviétique en 1991. Quoiqu’on pense des causes de ce conflit, rien ne peut justifier l’agression et l’invasion meurtrière de l’Ukraine décidées par Vladimir Poutine.

En identifier les causes profondes expose à l’accusation de chercher des excuses à la Russie de Vladimir Poutine. Mais s’il est l’unique responsable de la guerre et de ses atrocités, on ne peut ignorer que les responsabilités sont multiples, sous peine de voir resurgir ce conflit à l’avenir.

Lucide, Edgar Morin le dit à sa manière : « Poutine est bien sûr un dictateur que nous condamnons. Je pense cependant que cette histoire est aussi la résultante de deux dynamiques. D’une part, l’Otan sous la coupe des Américains, a voulu avancer le plus possible vers la Russie. Cette dernière a de son côté voulu reconstituer l’ancienne Russie (…) On peut défendre l’Ukraine sans être aveugle. Attention à l’hystérie liée à la guerre qui ne nous fait voir qu’un seul aspect de la réalité souvent plus complexe. »

Un engagement resté lettre morte

Au début, il y a un engagement non tenu, pris en 1991 par les principales puissances de l’époque : l’URSS, les États-Unis, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il s’agissait de mettre fin à la guerre froide et de réunifier l’Allemagne après la dislocation de l’URSS. Le Président de cette dernière, Mikhaïl Gorbatchev, avait obtenu l’assurance que l’Otan cesserait son extension sur les frontières de l’URSS. « Pas un pouce de la juridiction militaire actuelle de l’Otan ne s’étendra en direction de l’Est », avait déclaré à Gorbatchev le secrétaire d’État du Président Bush, James Baker. Une déclaration non écrite, mais confirmée par Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères et par les documents déclassifiés de l’Otan.

Les Soviétiques, puis les Russes n’ont cessé depuis de réclamer l’établissement d’un accord assurant la sécurité pour tous les pays européens, dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe. Les États-Unis et les dirigeants européens n’ont pas donné suite à ce qui aurait pu être une occasion historique de mettre un terme à la guerre froide et d’assurer la sécurité collective de tout l’espace européen.

La reconstitution de blocs ?

Au contraire, en 2001, Georges Bush demandait que les pays issus de l’ex-URSS, notamment l’Ukraine et la Géorgie, adhèrent à l’Otan avant même d'adhérer à la Communauté européenne. La République tchèque, la Pologne et la Hongrie en sont devenues membres en 1999, puis la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, en 2004, l’Albanie et la Croatie, en 2009.

Seules la Biélorussie et l’Ukraine n’en font pas partie et demeurent les derniers États-tampons entre les pays membres et la Russie. Le Parlement de l’Ukraine avait adopté un statut perpétuel de neutralité, en 1990, mais des pressions de plus en plus fortes s’exercent, depuis, sur l’Ukraine pour qu’elle rejoigne l’Otan.

La deuxième guerre en Europe

Or, l’Otan ne se contente pas d’assurer la défense de ses pays membres. La guerre du Kosovo, en 1999, avait déjà suscité les inquiétudes de la Russie : 13 pays de l'Otan, dont la France, lançaient, sans mandat de l’ONU, une campagne de bombardements aériens contre la Yougoslavie et sa capitale, Belgrade, avec des prétextes qui, pour la plupart, ont été contestés par la suite.

À cette dynamique d’insécurité pour la Russie, s’ajoute la volonté de Vladimir Poutine de tenter, non pas de reconstituer l’Union soviétique, la Russie actuelle n’est pas une République socialiste, mais un empire capitaliste autoritaire et dominant en Europe.

La paix et la sécurité en Europe, à quel prix ?

Il est difficile, au plus fort du conflit, d’imaginer quelle peut être la suite de cette guerre meurtrière. L’urgence est d’obliger Vladimir Poutine à stopper l’invasion et à négocier une issue acceptable pour l’Ukraine.

L’urgence est à la paix et à la solidarité avec le peuple ukrainien et les pacifistes russes.

Ce qui est moins urgent, mais le deviendra rapidement, c’est d’assurer, hors des projets militaristes de l’Otan, la sécurité de chacun des pays européens, Russie et Ukraine comprises, pour garantir une paix durable sur le continent.

Pascal Santoni

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.