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Billet de blog 2 octobre 2022

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Le droit de parler

Ma recension du livre d'Hélène Devynck, Impunité, parue dans L'Humanité du jeudi 29 septembre. Je profite de ce billet pour signaler que les commentaires signés de mon nom sur Mdpt sont une usurpation d'identité (cf. sous texte).*

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Les femmes ont-elles le droit de dénoncer un violeur en série dont le dossier accablant a été classé sans suite ? Le livre de combat d’Hélène Devynck est un plaidoyer politique en faveur de la liberté pour chacun de raconter sa version des faits, et un réquisitoire implacable contre un “système” (le mot revient avec insistance) dont la complaisance de la direction de la chaîne TF1 à l’égard de son présentateur vedette, pendant trente années, est un exemple éclatant et scandaleux.

Dans le cas de PPDA, comme dans celui de nombre d’hommes dominants dans les milieux économiques, politiques, journalistiques ou culturels, “tout le monde sait” : “tout le monde” a leurs agissements sur les lèvres. Mais ils ne sont jamais dénoncés au moment de leurs pires nuisances parce qu’ils sont puissants et dangereux, parfois menaçants, faisant jouer leurs réseaux pour délégitimer la parole de celles (parfois ceux) qui sont leurs victimes, toujours nombreuses. Lorsque les femmes osent parler, on leur fait une réputation de folles, de frustrées en mal de notoriété, de putes ou de salopes.

Ses protocoles sont toujours les mêmes, en ceci, comme en ce qui concerne ses passages à l’acte : aucune drague, assaut par surprise, aucun mot prononcé, ou seulement dévalorisants, méprisants voire insultants. La répétition compulsive, généralement dans les mêmes lieux, est connue voire facilitée par l’entourage, par le silence dû à l’emprise (sociale ou psychologique), ou pire, par la courtisanerie, éventuellement agrémentée d’excitation graveleuse dans les dîners en ville. Les violeurs en série des classes dominantes ne sont ni des malades ni des monstres (d’étranges anomalies), mais des personnalités remarquablement adaptées. Les sociétés de domination (pas seulement capitalistes du reste) sont des systèmes prostitutionnels, comme Marx le remarquait déjà en 1844 : elles génèrent ce type de comportement. Devynck ne s’attarde pas sur les causes du phénomène, ni sur la réponse (judiciaire et/ou politique) à y apporter. Mais son livre efficace interdit de se réfugier dans les zones grises du non-savoir complice.

* Usurpation d'identité : plusieurs personnes disposent de mon code depuis longtemps (je le leur avais donné, par générosité et négligence). Depuis longtemps semble-t-il, certaines d'entre ces personnes se permettent de commenter d'autres billets, et mon nom apparaît. Alertée tardivement, je viens, tardivement (négligence encore), de changer mon code. J'espère que cela suffira à faire cesser le problème (l'accès à Mediapart, lorsqu'il est validé sur un appareil, dure-t-il au-delà si l'utilisateur ne se déconnecte pas : je ne sais pas. En tout cas : en ce qui ME concerne, je ne commente JAMAIS les billets. C'est dit. Et je ferme les commentaires, parce que j' abhorre le trollage anonyme, le plus souvent stupide et haineux. 

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