La France n’a pas de chance, la Gauche n’a pas de chance. Nous avons la présidence et le gouvernement les plus nuls depuis le début de la Vème République. Des technocrates sans charisme, sans vision politique (ne) gouvernent (pas) ce pays : nomment ministre du budget (excusez du peu) un spécialiste en détournements de fonds des mâles cinquantenaires chauves. Le dit ministre du budget chargé de la lutte contre la fraude fiscale minimise le problème : et pour cause, il est lui-même un expert en compte en Suisse et à Singapour ! Son véritable objectif : travailler à protéger ses vrais camarades d’officine bancaire (Eric Woerth et la bande à Bettencourt) qui ne cessent de lui tresser des louanges. Le plus étonnant de l’affaire : ses aveux. Je ne crois pas que Cahuzac ait craqué, un tel homme ne craque pas : on lui aura conseillé (un peu tard) de prendre les devants du scandale qui allait de toute façon éclater. Ces gens-là se croient au-dessus de toutes les lois et de tous les serments : c’est la droite bonapartiste, qui infiltre les rangs de la gauche depuis si longtemps, celle qui ne croit ni à la démocratie ni à ses institutions, prête à tout pour préserver les privilégiés d’une société profondément inégalitaire : la nôtre. « Je ne crois pas à la lutte des classes », disait-il. Un mensonge de plus : cet homme croit à la seule lutte qui vaille à ses yeux : la lutte pour ses intérêts sonnants et trébuchants immédiats, et pour le maintien de l’ordre inique dont il est à la fois un valet et un profiteur à la petite semaine. Parce qu’il n’appartient même pas à cette bourgeoisie qui dicte aux Copé et aux Sarkozy leur feuille de route, au risque de la démocratie. Il n’est qu’un escroc du dimanche, tout juste bon à impressionner par sa morgue et son assurance de truand un Moscovici ou un Hollande complètement dépassés par leur fonction, incapables de savoir nettement ce qu’ils font : à savoir une politique de droite – j’ai la bonté de leur prêter une grosse bêtise de technocrates arrogants plutôt que de les croire « salopards » cyniques : l’avenir tranchera vite. L’extrême brutalité et l’extrême sang-froid de ce Bel-Ami sans foi ni loi était pourtant d’une triste transparence ! Comment ces gens que nous avons élus ont pu penser une seconde qu’ils pourraient fourrer le scandale sous le tapis – parce que c’est au minimum ce qu’ils ont essayé de faire ? Comment le premier Ministre, responsable d’avoir nommé Ministre de la République un homme qui ment devant la représentation nationale ne propose-t-il pas sa démission ?
Un nouveau Balzac (Ah, ce qu’il nous manque !) aurait hésité à esquisser un tel scénario : il aurait craint de heurter les bonnes âmes imbéciles et/ou intéressées – souvent les mêmes : celles qui ont traité les journalistes de Médiapart de crypto-stalino-fascistes.
Depuis quand la Gauche a-t-elle peur de la vérité ? Depuis qu’elle n’est plus la Gauche. Hollande devrait se souvenir de ce que Mitterrand disait : la famille de la Gauche, ce sont les ouvriers, les employés, les salariés, ceux qui vont pâtir de la politique de ce gouvernement, annoncée il y a deux jours à grands renforts de patelinades (eux et seulement eux, nous et seulement nous pâtirons de cette crise ; épuisés, nous devrons travailler deux ans de plus, nous serrer la ceinture : ah la plaisanterie de la taxe à 75% et de la baisse des allocations familiales pour les foyers qui gagnent plus de 5000 euros par mois !). Ces ouvriers massivement licenciés, ces employés, ces salariés pressurés par une crise qui n’est pas la leur, mais celle des joueurs avides du capitalisme financier, ce sont les électeurs de la Gauche - pas du Front national !!!Quand le Président de la République, quand le Premier Ministre s’adressent-ils à eux, quand s'adressent-il à nous, qui sommes les trois-quarts du pays, que font-il pour nous qui les avons élus, comment ne voient-ils pas que le Parti socialiste, complètement inaudible et qui a délaissé toute action politique, sera laminé aux prochaines élections parce que nous ne nous déplacerons pas pour voter PS ?
Où est le geste fort qu’on attend et qui serait (peut-être) capable de contrebalancer la signification profonde de l’Affaire Cahuzac – à savoir la complicité de cette pseudo-gauche avec la seule idéologie qui cimente la droite depuis la mort du gaullisme : l’affairisme et la défense des intérêts bien compris des plus riches et des plus puissants ? Pour continuer à régner, ceux-là, les Sarkozy, les Copé, les Fillon, risqueront tout, même et y compris la démocratie. Et Hollande, et Ayrault seront complices de cela ?
Allons, Messieurs, reprenez-vous ! Encore un effort pour nous montrer – oh, même pas que vous êtes de gauche, on n’y croit plus – mais que vous êtes des Républicains ! Que l’avenir de la démocratie a encore une signification pour vous ! Nous le peuple de Gauche, nous attendons.