Tous les éléments dont nous disposons aujourd'hui pour juger de la politique à venir du nouveau gouvernement indiquent qu'une majorité absolue du Parti socialiste à l'Assemblée nationale rendrait ce pouvoir autiste comme l'est devenu le gouvernement Jospin après des débuts valeureux (35 heures, CMU). Limitation des salaires ministériels et des grands patrons mais coup de pouce "symbolique" au SMIC, aucun signe envoyé aux marchés financiers ni aux banques d'une nécessaire régulation de la financiarisation outrancière de l'économie, nominations dans l'audiovisuel laissant penser que le pouvoir compte sur une frange de l'oligarchie (Mathieu Pigasse, voir les deux articles de Laurent Mauduit : http://www.mediapart.fr/journal/france/240512/la-gauche-les-medias-et-les-conflits-d-interets ; http://www.mediapart.fr/journal/france/020612/le-banquier-d-affaires-pigasse-convoite-liberation) pour museler la presse écrite en sa faveur, il est urgent que l'électorat se remobilise pour envoyer un signe fort.
Si le gouvernement Ayrault fait la politique du second Jospin (celui du fameux L'Etat ne peut pas tout) ce que ces premières semaines donnent à penser, le Front national sera à 30% lors des prochaines échéances électorales et le pays n'aura aucun ressort pour s'opposer aux logiques de guerre qui pointent leur nez lorsque la voie courageuse de la redistribution sociale et de la lutte contre l'avidité de l'aristocratie financière n'est pas choisie. Il faut aider les nouveaux gouvernants à sortir de leur tropisme technocratique et les contraindre au sursaut vital : l'audace d'un Roosevelt (voir les propositions d'action immédiate du Collectif Roosevelt 2012 : http://www.roosevelt2012.fr/ ou la politique pragmatique d'un Léon Blum.
Les résultats législatives doivent leur envoyer un signe fort que leur politique ne peut pas se limiter à jouer une frange de l'oligarchie contre les autres. Que la France n'est ni la Grèce ni l'Espagne, et qu'il ne suffira pas de mesurettes populistes pour faire avaler que la crise financière provoquée par la cupidité des banques et des marchés financiers et seulement par eux soit payée par les salariés. Que la mutualisation de la dette ne suffit pas et n'est qu'une manière de faire peser sur les peuples des mécanismes de profit financier qui ne les concernent pas (voir l'excellent article de Martine Orange : http://www.mediapart.fr/journal/economie/300512/crise-laveuglement-de-la-commission-europeenne et l'intervention de la journaliste à la soirée Médiapart : http://www.mediapart.fr/journal/france/010612/mediapart-2012-agir-vite-pour-durer).
Le mépris du Parti socialiste pour la composante non communiste du Front de Gauche est une faute politique (voir les calamiteuses négociations d'appareil à appareil menées par Martine Aubry : c'est de cette pure politique d'appareil que la démocratie meurt).
La peoplisation de la vie politique et la focalisation sur les batailles de personne ou la personnalité de leaders (qui ne sont que l'interface provisoire et faillible de forces et d'espoir qui les dépassent) est une faute morale.
J'espère que le site Médiapart ne va pas s'enferrer dans cette voie (même s'il est légitime de relever les anomalies pointées par Stéphane Alliès) et proposer AUSSI des analyses de fond et des enquêtes sérieuses et documentées sur ce terrain des enjeux des législatives, à la hauteur de ce qu'il nous propose par ailleurs (analyses économiques, dénonciation des scandales financiers et politiques, appel à la solidarité internationale avec le peuple grec).