Affaire Richard Millet: le courage d'Annie Ernaux

 On imagine le tollé surmédiatisé dans le monde intellectuel si un membre du comité de lecture de Gallimard s'était avisé de faire l'éloge "littéraire" d'un terroriste islamiste, et la relégation dont le personnage aurait fait aussitôt l'objet. Mais le pamphlet fasciste de Richard Millet considérant que, je le cite, "ses victimes [celle de Breivik, le tueur norvégion] n'étaient que de jeunes travaillistes, donc de futurs collaborateurs du nihilisme multiculturel" n'a pas ému beaucoup de monde (118 écrivains se sont associés à ce texte ; voir sur Médiapart : http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100912/annie-ernaux-contre-le-pamphlet-fasciste-de-richard-millet ; http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/280812/lapologie-polemique-de-breivik-par-richard-millet ;  ). Richard Millet démissionne hier du comité de lecture, mais reste éditeur de la maison d'édition. On saluera d'autant plus vigoureusement le courage d'Annie Ernaux, écrivain Gallimard, et l'un des plus importants écrivains français, d'avoir dénoncé, dans les termes qui convenaient, ce texte qui en effet déshonore la littérature : cf. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/10/le-pamphlet-de-richard-millet-deshonore-la-litterature_1758011_3232.html. Le pamphlet n'est pas un fait isolé mais le fait d'une percée inquiétante des idées d'extrême-droite chez les intellectuels et les écrivains : voir à ce propos mon article sur fabula.org : http://www.fabula.org/revue/document5501.php ; et plus récemment sur Médiapart, l'article de Ellen Salvi : http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/230611/edition-de-zemmour-millet-une-certaine-idee-du-rance .