PASCALE FAUTRIER (avatar)

PASCALE FAUTRIER

Auteure et professeure

Abonné·e de Mediapart

171 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 octobre 2011

PASCALE FAUTRIER (avatar)

PASCALE FAUTRIER

Auteure et professeure

Abonné·e de Mediapart

Arnaud Montebourg l’ambitieux inconstant ou la victoire de l’inconsistance politique

PASCALE FAUTRIER (avatar)

PASCALE FAUTRIER

Auteure et professeure

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Séduite comme beaucoup par la ligne politique plutôt ferme adoptée par Montebourg pendant sa campagne, j’ai pensé un moment voter pour lui. Et puis le côté léger du partisan éphémère de la mal nommée démondialisation, le petit parfum nationalisto-sécuritaire (chevènementiste) de certaines de ses interventions, son dandysme d’acteur enfin, m’ont fait changer d’avis, et j’ai voté Martine Aubry.La confirmation éclatante de l’inconsistance politique et de l’arrogance personnelle du personnage, spécialiste avéré du changement de veste, n’est pas une bonne nouvelle. L’alliance du pragmatiste droitier Hollande (flanqué de ses amis, l’ex-sarkozyste Jouyet et le pourfendeur de la retraite à 60 ans Terrasse, dont on nous dit qu’il a avec eux des conversations passionnées sur l’économie), de la médiatiste populiste Ségolène (qui nous a démontré qu’elle était prête à raconter à peu près n’importe quoi juste pour être sur la photo, et la séquence continue), et du ludion Montebourg – sans parler de l’extrême-droitier Valls, plus cohérent politiquement – , est une liquidation programmée du Parti socialiste d’Epinay initié par François Mitterrand. Tout ce petit monde propre sur soi (il faut ajouter à ce tableau le très brillant Pierre Moscovici capable de parler des heures avec brio sans rien dire) possède la rhétorique ultra-rôdée des dîners en ville mondains où « être de gôôôche » ajoute du piquant à la sauce conformiste d’un prêt-à-penser ENA qui n’a jamais vu la couleur du pays réel – ou alors pour l’amuser avec des numéros de clowns sans vergogne du style de ceux dont, nous dit-on encore (ce sont ses amis qui parlent : il est un peu too much), Montebourg est coutumier dans les campagnes de Saône-et-Loire. Cette Gôôôche de Rastignacs énervés tourne sur elle-même comme une toupie , nous explique Montebourg dans Le Monde, pour sacrifier un instant son « éthique de conviction » (en réalité complètement inexistante : sinon il ne la « sacrifierait » pas : CQFD) à une soi-disant « éthique de responsabilité » : traduisez : « j’aime le pouvoir et rien que ça, et je le prouve ». Ce qui vient de se passer est la démolition de ce qui pouvait encore possiblement attirer du côté du Parti socialiste les électeurs épris de justice sociale et de répartition des richesses, de développement durable et de souci primordial pour la culture et l’éducation : l’espoir qu’un pôle de gauche fort allait changer son centre de gravité. Le ralliement des Royal et Montebourg juste après ceux du radical Baylet de Valls au plus manifestement droitier des candidats fait imploser ce qui restait d’une cohérence politique évanouie aussitôt qu’entrevue. Le discours sur l’endettement est le marqueur absolu de ce discours droitier sans aucun risque d’erreur, quel que soit le brouillage bavard organisé autour. Tout l’UMP vote Hollande (il suffit de regarder la répartition des votes à Paris : tout l’Ouest parisien vote à majorité pour Hollande). La Droite déteste Aubry – sans parler de ces grands patrons qui commencent à envisager que la Gauche passe et qui mettent tout leur poids pour limiter de leur point de vue, les dégâts quant à leurs intérêts immédiats. Disons-le tout net : Montebourg a trahi les 17% d’électeurs qui ont voté pour lui au premier tour de la primaire.Est-ce qu’au moins les abonnés de Mediapart sont conscients de ces enjeux ? Est-ce qu’ils vont se laisser rouler dans la farine des grands médias ? Est-ce qu’ils vont se laisser bercer par le ronronnement totalitaire des puissants intéressés à vider le mot politique de tout contenu ? Est-ce qu’on va encore leur faire le coup du gagnant programmé ?On peut encore espérer que non ! Parce que quelle chance ce serait pour le pays de placer à sa tête une femme dont la conviction la plus profonde est de « prendre soin » ! Il suffirait d’encore un peu de bonne volonté et de signes forts des électeurs et des citoyens pour que cette bonne intention devienne le programme à réaliser ensemble de toute la gauche, du Front de Gauche au PS en passant par les écologistes. Du côté de Hollande, il faut que tout le monde en soit conscient, le discours technocratique de ces petits messieurs trop sûrs d’eux ne sera pas négociable. La Gauche ne votera pas pour lui et la présidentielle, dans tous les cas, sera politiquement une dernière chance perdue de sauver « quelque chose de gauche » comme disait Moretti dans la tourmente économique catastrophique provoquée par l’avidité imbécile des puissants.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.