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Billet de blog 22 octobre 2010

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Excommuniée des Temps modernes

Aujourd'hui 22 octobre, on m'accuse d'avoir attaqué Les Temps modernes (à la fin de mon précédent billet), revue qui m'a fait l'honneur de m'accueillir cet été dans son numéro spécial sur Sartre et Beauvoir.

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Aujourd'hui 22 octobre, on m'accuse d'avoir attaqué Les Temps modernes (à la fin de mon précédent billet), revue qui m'a fait l'honneur de m'accueillir cet été dans son numéro spécial sur Sartre et Beauvoir.

On me dit que c'est un honneur qui ne se renouvellera pas du vivant de son directeur : je le regrette, parce que c'est une bonne revue, à laquelle je me sens particulièrement attachée, par mon admiration pour Sartre et Beauvoir bien sûr, mais aussi parce j'ai le plus grand respect pour Claude Lanzmann, que je l'admire comme réalisateur de Shoah et de ses autres films, comme écrivain aussi (j'ai beaucoup apprécié ses Mémoires : Le lièvre de Patagonie).

Cependant ce regret ne saurait être mis en balance avec la libre expression de mes opinions sur ce blog.

Je n'ai pas cherché à "attaquer" Les Temps modernes. J'ai juste exprimé ce qui est à peine une opinion : à savoir que Sartre aurait désavoué la prise de position qu'a prise Robert Redeker hier dans Le Monde à propos du droit à la retraite. Je n'ai pas mis en cause la direction actuelle des Temps modernes ni même la participation de Robert Redeker à son comité de rédaction (de quel droit l'aurais-je fait ?) ; j'ai même cité un excellent papier paru dans cette revue : celui de Tiennot Grumbach. Simplement j'ai constaté un fait, l'appartenance de Robert Redeker au comité de rédaction des Temps modernes, et, dans un soupir, déploré que des gens censés s'inscrire dans le sillage de la pensée de Sartre puissent choisir (et dans des termes aussi méprisants pour le mouvement social) le camp du pouvoir. Sartre écrivait dans Plaidoyer pour les intellectuels : "L'intellectuel est l'homme qui prend conscience de l'opposition, en lui et dans la société, entre la recherche de la vérité pratique et l'idéologie dominante" (idées-gallimard, 1972, pp 40-41 et 39).

Inversant la réalité des faits (ce qui est le propre de l 'idéologie comme l'avait remarqué un philosophe du XIXè siècle), on accuse de la manière la plus violente et la plus éhontée ceux qui soutiennent le mouvement social de tenir le haut du pavé, et de pratiquer je ne sais quelle terreur stalinienne (voire de chasse à l'homme). La réalité est au contraire que l'ensemble des médias écrits et télévisuels couvre de manière tendancieuse cet évènement, cherchent à le minimiser et à le discréditer, gonflent les incidents douteux de fin de manifestation. La vérité est que les intellectuels et autres personnalités médiatiques sont peu nombreux à lui apporter un soutien sans condition.

Quant à moi, placée par les hasards de la vie dans une situation où je suis libre de ne pas me solidariser à des intérêts institutionnels ou claniques lorsqu'ils contreviennent à mes opinions, je prends acte de mon excommunication des Temps modernes sans autre état d'âme que ceux que je viens d'exprimer. Qu'on sache que je suis inaccessible à toutes formes d'intimidation, de menaces et d'insultes, et que les moyens de pression sur moi n'existent pas.

Enfin, la revue Les Temps modernes fait partie de l'histoire culturelle mondiale, le nom de Jean-Paul Sartre également : leur mémoire (parce qu'il s'agit ici d'avoir de la mémoire) n'appartient à personne, personne n'en est propriétaire.

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