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Billet de blog 2 juin 2015

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Réforme des programmes : le piège la la consultation

C'est à juste titre que Valérie Coignard du Point dénonce une « consultation en carton-pâte » à propos de la réforme du collège, soulignant que tout le monde peut y répondre - et non seulement les enseignants - et pointant le « charabia » qui caractérise cette consultation qui se finira le 11 juinprochain  ( et pour laquelle un syndicat a estimé qu'il fallait prendre dix heures de temps pour pouvoir y répondre avec quelque pertinence, ce qui suppose consultation des anciens programmes et analyse fine de ceux envisagés). Mais plus grave peut-être, le précédent de la consultation sur le socle commun permet de savoir que la synthèse qui en sera faite ne sera qu'une vaste galéjade à laquelle vont participer les malheureux professeurs consciencieux qui auront tenter de s'interroger ou même de s'exprimer dans les espaces de libre-expression. Car quoi ? La synthèse de la consultation sur le socle commun ( qui s'est déroulée du 22 Septembre au 22 Octobre 2014) indique que 820.000 personnes étaient destinataires de l'email du Ministère contenant le lien personnel qui permettait d’accéder au questionnaire en ligne.La bilan nous apprend que 170.000 personnes ont « cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire », soit environ 20% des destinataires ( 16% si on ne prend en compte que les enseignants du premier degré et ceux des collèges). Toute la perversité du système tient en cette phrase : « ont  cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire ». Car passée l'introduction du bilan, jamais il ne sera dit sur quel nombre de réponses à telle ou telle question les pourcentages qui suivront auront été faits. Cliquer et faire une seule réponse vaut du coup caution aux pourcentages faits par le Bureau des contenus d’enseignement et des ressources pédagogiques  de la Dgesco (Direction générale de l'enseignement scolaire)...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est à juste titre que Valérie Coignard du Point dénonce une « consultation en carton-pâte » à propos de la réforme du collège, soulignant que tout le monde peut y répondre - et non seulement les enseignants - et pointant le « charabia » qui caractérise cette consultation qui se finira le 11 juinprochain  ( et pour laquelle un syndicat a estimé qu'il fallait prendre dix heures de temps pour pouvoir y répondre avec quelque pertinence, ce qui suppose consultation des anciens programmes et analyse fine de ceux envisagés).

 Mais plus grave peut-être, le précédent de la consultation sur le socle commun permet de savoir que la synthèse qui en sera faite ne sera qu'une vaste galéjade à laquelle vont participer les malheureux professeurs consciencieux qui auront tenter de s'interroger ou même de s'exprimer dans les espaces de libre-expression.

 Car quoi ? La synthèse de la consultation sur le socle commun ( qui s'est déroulée du 22 Septembre au 22 Octobre 2014) indique que 820.000 personnes étaient destinataires de l'email du Ministère contenant le lien personnel qui permettait d’accéder au questionnaire en ligne.

La bilan nous apprend que 170.000 personnes ont « cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire », soit environ 20% des destinataires ( 16% si on ne prend en compte que les enseignants du premier degré et ceux des collèges).

 Toute la perversité du système tient en cette phrase : « ont  cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire ». Car passée l'introduction du bilan, jamais il ne sera dit sur quel nombre de réponses à telle ou telle question les pourcentages qui suivront auront été faits. Cliquer et faire une seule réponse vaut du coup caution aux pourcentages faits par le Bureau des contenus d’enseignement et des ressources pédagogiques  de la Dgesco (Direction générale de l'enseignement scolaire)...

 Celui-ci a eu beau jeu dès lors d'écrire, même avec quelques précautions: «Si les résultats de la consultation ne peuvent prétendre à être représentatifs des personnels d’enseignement et d’éducation (dans la mesure où aucun quota par catégorie de personnel, par discipline d’enseignement… n’a été fixé au préalable et où aucun redressement de l’échantillon n’a été effectué a posteriori), ils peuvent en revanche et sans conteste être considérés comme significatifs compte tenu du nombre élevé de répondants à la consultation. »

 Et on a eu beau jeu également d'écrire : « La prise en compte de l’évaluation des connaissances et compétences dans le projet de texte de socle commun est, quelle que soit la cible considérée, unanimement saluée : 82 % des répondent [sic] estiment que c’est une bonne chose. », quand on ne dit pas sur combien de réponses le pourcentage est fait... Sur les 16% d'enseignants qui ont répondu à la consultation, combien ont répondu à cette question ? Mystère... Les résultats sont-ils considérés comme « significatifs » d'un accord quasi-unanime des enseignants sur cette question ? Sans doute, mais quelle est la réalité ?
Madame le Ministre se vantera probablement de beaux pourcentages dans la nouvelle consultation sur les programmes ! Des pourcentages dont pourtant, dès à présent, si les résultats sont publiés selon les mêmes règles que celles qui ont prévalu pour la consultation sur le socle commun, on peut dire qu'ils n'auront aucune légitimité scientifique – ce dont, on peut l'espérer, les médias se feront le relais.

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