Qui fréquente les réseaux sociaux et est enseignant voit passer des posts hallucinants : enseignants cas-contact intra-familiaux sommés par leurs inspecteurs de venir enseigner, enseignants cas-Covid sommés de faire du distanciel alors que malades,... - tout cela qui s'ajoute aux masques-slip, au fait que la classe peut bien pulluler d'élèves malades tombant les uns après les autres, l'enseignant, lui, n'est jamais cas-contact ( magie sans doute du masque-slip devenu cape d'invulnérabilité....).
Mais il est certains posts qui pourraient faire vomir qui a pourtant le coeur bien accroché depuis de nombreuses années. Parce que les informations circulent entre enseignants – et ils sont 830 000 devant élèves. Même retraités, ils restent de la grande maison..., partagent encore avec leurs anciens collègues...
27,44 euros de l'heure
Et ne voilà-t-il pas que l'un des jeunes retraités de l'Education Nationale a partagé la lettre qu'il a reçue, avec la précision qui tue : « Je vous précise que l'heure d'enseignement sera rémunérée au taux horaire de 27,44 euros ». Bruts. L'heure d'enseignement ! Comme si une heure d'enseignement ne supposait pas préparation du cours ! Si on ne décompte qu'une demi-heure de préparation pour une heure de cours, le tarif de l'heure de cours tombe à 18 euros bruts et 9 euros pour la demi-heure de préparation. Si on compte une heure de préparation, le tarif tombe à 13, 50 euros l'heure de cours en présence des élèves! Bruts !
Une recherche rapide du tarif horaire pour du baby-sitting amène à ce tarif : « niveau 1, baby-sitter, 10,13 € brut/heure : surveiller occasionnellement un ou plusieurs enfants de plus de 3 ans ». Et il ne s'agit que de surveiller des enfants ! Et pas 30 d'un coup...
C'est dans l'académie d'Amiens que le Recteur, Raphaël Muller, crache ainsi son mépris à la face des enseignants. 27, 44 euros. Le prix du mépris !

Agrandissement : Illustration 1

Bac + 2
Mais l'académie de Paris n'est pas en reste, elle qui cherche sur Pôle Emploi n'importe qui qui serait détenteur d'un bac +2 quand les enseignants sont recrutés actuellement à Bac + 5 avec l'obtention d'un concours à la fin de ces 5 ans d'études.
Plus de chirurgien ? Vous êtes infirmière : postulez. Plus de pilote dans l'avion : stewarts, hôtesses de l'air, postulez !

La politique du ruissellement...du mépris
Le mépris dans l'Education Nationale ruisselle, du Ministre qui cherche moins à protéger les enseignants qu'à leur trouver des remplaçants aux recteurs, IEN, inspecteurs, certains personnels de direction, en suivant la chaîne hiérarchique, jusqu'au crachat sur les enseignants : vous n'avez aucune valeur professionnelle, puisque vous pouvez être remplacés par le moindre clampin à peine diplômé qui traversera la rue ; vous valez 27, 44 de l'heure, feignasses qui ne faites rien en dehors de vos heures de présence en classe, ne préparez rien, ne corrigez rien ! Anne -Sophie Lapix, Laurent Delahousse ou Gilles Bouleau n'ont qu'à frémir... : même en multipliant par dix le tarif-horaire des enseignants, avec leur demi-heure « en scène », ils ne vont pas toucher gros si leurs salaires sont alignés sur le concept « une heure de présence face public = une heure-payée.
Le prix du mépris.
Il se paiera. Les enseignants sont 830 000 face aux élèves. 830 000. Une force du nombre dont ils vont peut-être enfin finir par se rendre compte.
A la mémoire de Christine Renon, de Jean Willot et de tant d'autres...
A Samuel Paty