C’est lemonde.fr qui rappelle l’existence d’un texte écrit en 2016 par la nouvelle ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, qui a été rectrice des académies de Limoges, puis de Toulouse entre 1997 et 2005. Accessible à tous, ce texte montre sinon des lignes directrices de réformes à venir (elle ne pourra œuvrer que sous la double tutelle de Gabriel Attal et Emmanuel Macron), du moins une certaine conception de l’éducation qui n’aurait plus de « nationale » que le nom.
Deux points interpelleront immédiatement les enseignants. Tout d’abord, le désir d’un recrutement des enseignants par le chef d’établissement, « celui qui a l’expertise pour [le] faire au niveau où les besoins éducatifs sont le mieux identifiés ». Ensuite, le « pilotage » des filières agricoles et professionnelles par les régions.

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C’est l’avant-dernier paragraphe de son texte intitulé à juste titre « Supprimer le ministère de l’Éducation nationale » qui indique très clairement la direction souhaitée.
S’appuyant sur les travaux de 2007 de l’actuelle rectrice de l’académie de Martinique, Nathalie Mons, elle indique qu'un « rapide regard sur les 35 pays membres de l’OCDE permet d’esquisser deux lignes directrices », faisant fi de la longue histoire de notre pays et de son école. Et de développer : « Partout les systèmes sont plus décentralisés qu’en France (dans plus des 3/4 des pays, les enseignants sont gérés au niveau local soit par les collectivités soit par les établissements) ; partout les établissements sont plus autonomes (curriculum, recrutement des enseignants par les établissements, etc.) ».
On notera les derniers mots qui feront frémir tous les enseignants puisque la conception au niveau national des programmes scolaires eux-mêmes semble possiblement remise en cause par celle qui aujourd’hui est devenue ministre: « La gestion unique par l’État devient une exception, de même que la conception centralisée et détaillée des programmes scolaires » .
Certes, les enseignants seront sans doute d’accord avec les augmentations de salaires défendus dans ce texte par Nicole Belloubet. Elle y soulignait elle-même qu’ils n’arrivaient pas même à la moyenne européenne : « Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés : la nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne, mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique… »
Sans doute sauront-ils lui rappeler rapidement ses propos, mais il y a fort à parier que le reste de son texte, appelant à la « décentralisation effective » de l’Éducation nationale ( jusque dans les programmes ?) et à sa vente à la découpe au profit des régions ne trouvent pas grâce à leurs yeux.