C'est Edwy Plenel dans son édito qui a le mieux parlé, avec cette verve et cette force rhétorique qu'on trouve si rarement désormais. Il faut faire échec à un pouvoir dangereux.Etre dans la rue le 2 Octobre, aller plus loin peut-être? La question ne se pose pas: il faut y être ! Tête haute, déterminés, fermes. Contre le projet de réforme des retraites, inique, mais pas seulement. Parce que la hausse des tarifs des médicaments, la hausse à venir des loyers HLM, la loi Nome, la justice bafouée, les relents de racisme d'Etat, les plus de 7 millions de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté sans que cela n'amène le moindre commentaire de nos gouvernants, parce que tout ce que nous lisons sur Mediapart tous les jours... Parce que Woerth-Bettencourt, Tapie, parce que Pérol, Minc, l'EPAD, entre autres...
Pour leur rappeler que la France, c'est Valmy, et pas Coblence....
Pour leur rappeler, que la France, c'est 1789, 1830, 1848, 1871, 1936, 1945, 1968, 1995 ...
Parce que nous ne courberons pas la tête à moins de renoncer à ce que nous sommes.
Tête haute, ornée d'un bonnet phrygien ( en papier agrafé si nécessaire)....
Parce que notre France, c'est celle des salariés qu'on ne saurait paupériser au bénéfice de la finance sans en subir les conséquences. Parce que Ferrat le rappelait, la France, c'est "la rebelle"- et qu'une France qui ne lutterait plus ne serait plus la France.
Tête haute.
Bonnet phrygien.
Valmy contre Coblence.
Ma France - 1969 - Jean Ferrat
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France