Vous serez... 30% à être en télétravail - plus ?
Nous serons 100 % ou peu ç'en faut, en présentiel.
Avec 30 de vos enfants, dans 45 m2.
Avec le masque mis, ou pas, ou mal mis, ou bien mis, avec des fenêtres qui s'ouvrent – ou pas – aérez que disait le Ministre, ah bon, mais oui, mais comment faire avec ses fenêtres qui ne s'ouvrent pas, ou de 5 cm, ou en oscillo-battants ( que même on le sentait déjà avant le Covid que la classe, elle puait, même après la récré, tout « ouvert ».... « Ça pue », qu'on se disait tous, en entrant, après la récré. Ça pue !)
Avec 30 de vos gamins ? Non... 540 par semaine pendant 1 h par groupes de 30 pour les professeurs de musique, arts plastiques, physique en collège– et qu'ils me pardonnent si je me trompe. 160 pour un professeur de français, avec 4 heures de cours environ par classe par semaine.
Agrandissement : Illustration 1
Confiné dans 45 m2 pendant 6 H par jour avec 180 personnes par groupes de 30
« Ils ont un masque, alors quoi... »
Hum... télétravail pour vous... - et même en présentiel... : vous voyez qui, vous, en présentiel, même masqué ? 540 personnes, 160 ? Vous n'êtes armés QUE d'un masque-slip donné par votre employeur ? (NB : si les enseignants ont des masques chirurgicaux ou PPF2 devant vos enfants, c'est qu'ils se les sont payés avec leurs (maigres) deniers... Le Ministère, lui, ne nous a donné que des « masques-slips », tout coton, tendance Dim. Parce qu'ils ne valent rien, sans doute...). Les gamins peuvent tomber comme à Gravelotte dans nos classes, les enseignants, eux, ne sont jamais « cas-contacts ». A moins de passer par l'ARS – jamais par le Ministère de l'Education Nationale, jamais !
Les écoles sont ouvertes ! Hourra ! Qui d'entre vous accepterait de rester confiné dans 45 m2 avec 30 clients (masqués, certes) pendant 1 heure ? De réitérer la chose 6 heures par jour – ou de garder les mêmes 6 heures par jour ?
Vous voulez calculer ? C'est là. Mettez 50m2 et 3 m sous plafond.... 1 adulte et 30 élèves.... https://nousaerons.fr/aerer/index.html
Des remplaçants? Il n'y en a plus !
Chaque parent qui crie Hourra à l'ouverture des écoles, quoi qu'il en coûte, me plante un clou dans le cœur. J'avais choisi ce métier par sens de ce qu'est la culture, la connaissance, la capacité de comprendre le propos de l'autre et d'exprimer sa propre opinion, par sens profond de ce qu'est en fait la République – un vrai souci des gosses, avec un vraie vision de ce qu'ils pouvaient être : des producteurs d'idées, de pensées, d'interrogations- de vrais citoyens futurs, ferments de notre République qui devrait supposer Logos et Agora...
Chaque parent qui crie Hourra à l'ouverture des écoles, quoi qu'il en coûte, plante un clou dans le cercueil de ce qui fut une école qui se voulait formatrice et émancipatrice. Hier matin, Jean-Michel Blanquer sur France Inter, évoquait les contaminations à venir des enseignants – fait qu'il balayait d'un revers de manche, arguant du fait qu'il remuait ciel et terre pour trouver des remplaçants... - eh oui, nous sommes remplaçables, par n'importe qui, apparemment... Des remplaçants ? Mais plus personne ne veut faire ce métier (qu'à titre personnel, j'ai ardemment souhaité faire, au point de réussir à passer par la formation la plus exigeante qui soit) ! Le Ministre parlait de faire rappeler les « jeunes retraités »... Mais aucun retraité ne voudra revenir (tant le mépris de notre Ministère est patent). Il n'y aura personne ! Et il le sait (ou alors qu'on invite le Ministre à se mettre sur le groupe Facebook des Stylos Rouges où il saura tout – mais ses taupes savent évidemment déjà, même si le Ministre feint de ne pas savoir !...). De remplaçants, il n'y a en a plus ! Les gamins, en primaire, sont répartis/entassés dans les classes des collègues pas encore malades... En collège et lycée, les heures sautent, point barre. N'importe quel journaliste qui daignerait faire son métier peut le savoir en suivant les groupes qu'il est évident qu'il faut suivre – et sur lesquels les nouvelles sont atterrantes... atterrantes – même si vous, vous ne regardez les choses que par le petit bout de la lorgnette locale/ micro-locale de l'établissement de votre enfant.
180 000 personnes contaminées hier. Le journaliste de France 2 disait que le Gouvernement envisageait 250 000 contaminés par jour prochainement... Qui ? Les contaminés du joyeux Nouvel An, soit.... et dès le 3 Janvier, vos enfants et les enseignants, réunis joyeusement – mais vous pouvez travailler, c'est bien, et puis on ne vous a pas parlé de ces fenêtres qui ne s'ouvrent pas ou peu, des enseignants avec leurs masques-slips-spécial-Education-Nationale, et puis, il faut l'avouer, certains d'entre vous s'en fichent, qui envoient leurs mômes avec fièvre, toux et tutti quanti à l'école – oh, ce n'est rien, un petit rhume ( les témoignages pour qui veut les entendre sont légions!)
Non seulement vous acceptez, chers parents, que les enseignants soient traités comme les derniers des loufiats, corvéables à merci, devant accepter de mettre en cause leur santé et celle de leur famille comme sans doute vous ne l'accepteriez jamais, pour vous permettre, à vous, de travailler – on ne travaille pas, nous ??? -, remplaçables par... qui, d'ailleurs, tant la dévalorisation de ce métier est manifeste, y compris par la façon que nombre d'entre vous a de nous (mé)-considérer, mais surtout et de façon flagrante par notre Ministère qui nous sous-paye (mais rend 400 millions d'euros à Bercy cette année, en plus des autres centaines de millions rendus chaque année, alors que nous réclamons à cors et à cris des détecteurs de CO2, des masques FFP2, des fenêtres qui s'ouvrent pour aérer...). Jean-Michel Blanquer le sait : il ne peut y avoir de remplaçants, quand nous serons décimés, parce qu'il n'y en a déjà plus !
Remplaçables? Méprisés, assurément....
C'est peut-être que les médias nous mènent tous en bateau, eux qui laissent à entendre que vous êtes bien contents que nous gardions vos enfants sans que vous ne sembliez, d'après ces médias, vous interroger trente secondes sur notre santé, nous, confinés à 30 dans 45 m2 avec un masque-slip donné par notre Ministre...
Mais nous fatiguons, d'être des sous-citoyens, comptés pour rien... à 30 dans nos 45 m2, avec des fenêtres qui ne s'ouvrent pas toujours...
Nous, vos gamins, on les aime bien... On est même devenus enseignants parce que l'on croyait en eux, qu'on espérait en eux... et on veut être là pour eux – mais pas au prix... du mépris.
Vous regardez l'Education Nationale à l'aune de la vie scolaire de vos enfants.... Contents, pas contents, contents...ça dépend des années, des enseignants, comme moi je suis contente ou pas de mon médecin, de mon coiffeur, de la dame de la boutique, là... Nous, enseignants aguerris, de la génération de ceux qui faisaient partie des 20% de lauréats au concours du Capes par exemple, qui était très sélectif à l'époque tout comme le concours d'entrée à l'Ecole Normale d'instituteurs, parce que nous avons 30 ans de recul, nous pouvons vous affirmer que vous sciez la branche sur laquelle vos enfants et petits-enfants à venir sont assis. Plus personne ne voudra être enseignant - et d'ailleurs, nous le déconseillons à qui nous demande un avis... Il y aura un turn-over de vacataires, de passage dans l'Education Nationale, sans motivation autre que la peur du chômage quand nous, nous nous étions engagés, pleinement. Il y aura le privé, pour qui pourra y aller.
Le Ministère, d'ailleurs, des petites classes à l'Université va dans cette direction unique : embaucher des vacataires - sous-diplômés, sous-qualifiés, sous-motivés pour nombre d'entre eux. Vous vous réjouissez que nous fassions garderie pour vous permettre de garder vos enfants au mépris de notre santé, sans aucune exigence minimaliste vis-à-vis de notre Ministère, dans la préservation de la santé de ses agents et de celle des enfants aussi...Vous nous vilipendiez quand nous vous avertissions des effets délétères de la réforme du baccalauréat et de la mise en place de Parcours-Sup'. Les enseignants, des feignasses, des preneurs d'otages....Vous vous réjouissez de ce que l'on vous promette des remplaçants quand les enseignants tomberont (un tiers d'entre nous sera frappé par les incidences du Covid, d'ici fin Janvier, prédit le Conseil Scientifique...) : réjouissez-vous, allez travailler - mais ne pleurez pas quand il n'y aura pas de remplaçants...on vous aura prévenus. Nous tomberons, mais personne ne sortira de l'ombre à notre place. Personne. Ni maintenant. Ni après un tel mépris patent.
Vous chantez? Et bien dansez maintenant - ou plus tard, pour vos petits-enfants.
NB: Pour ceux qui douteraient de mes dires, je peux inviter en région parisienne dans ma classe (ouverture des fenêtres = 5 cm), présenter mes masques Education Nationale, et donner une vue sur les témoignages des collègues, en particulier de primaire : un journaliste faisant son travail vous aurait tenu au courant, mais…
Je peux aussi fournir à la demande le nombre de vacataires de l'Education Nationale, le nombre d'enseignants par classe d'âge, etc etc etc.