Les sollicitudes d'Emmanuel Macron
On connaît les sollicitudes du président Macron pour les agriculteurs : ému par leur sort, il fait œuvre charitable en s'attaquant … au statut des cheminots. Une fois le statut des cheminots abandonné, les campagnes, c'est sûr, pourront enfin respirer... C'est beau, un président charitable.
On savait aussi le regard plein de tendresse et de compassion pour les pauvres gens qui payaient l'ISF. Il leur a tendu une main secourable supprimant ce dernier et en augmentant la CSG pour ces salauds de retraités. C'est beau un président courageux, qui ose affronter les privilégiés.
Mais on avait un peu oublié la générosité altruiste d'Emmanuel Macron, ministre de Hollande, pour les intérêts économiques et stratégiques US ; c'est triste à dire : on ne sait pas récompenser assez la générosité chez les hommes politiques.
Hier sur LCP, en fin de soirée, sans doute pour ne pas effrayer les enfants, une émission fort détaillée a démontré comment le ministre Macron, succédant à Arnaud Montebourg, s'est dévoué pour les intérêts de General Electric et de l'administration US dans l'affaire de la vente d'Alstom. Montebourg avait certes menti effrontément en annonçant qu'il avait piloté un accord qui préservait les intérêts stratégiques de la France. Selon lui, c'était le cas de la belle coopération Alstom/General Electric qu'il avait parrainée. Mais on peut lui accorder qu'il avait quand même essayé de limiter les dégâts.
Ce que l'émission de LCP hier a démontré, c'est que notre ministre, futur président En Marche, avait couru au secours des intérêts US dès sa prise de fonction ministérielle sous Hollande. Au nom de la liberté du marché, Emmanuel Macron, avec l'aide du PDG Patrick Kron, a entériné purement et simplement l'arnaque US sur le dossier de corruption monté par l'administration américaine contre Alstom pour l'obliger à vendre tout le secteur énergie d'Alstom a son concurrent direct Genral Electric. Et c'est ainsi que General Electric a payé une bouchée de pain pour acquérir le résultat de trente ans de travaux et d'avancées technologiques françaises dans toute la filière énergétique, des énergies renouvelables (éoliennes off-shore) au nucléaire civil, comme dans le secteur militaire.
Concurrent direct d'Alstom dans le domaine des turbines des réacteurs nucléaires, General Electric en est maintenant le seul maître d'oeuvre à l'échelle planétaire. C'est le drapeau de GE qui flotte à Belfort sur l'usine qui fut celle d'Alstom. Si demain la France souhaite vendre un réacteur nucléaire à la Chine, l'administration US peut faire capoter la vente en refusant de fournir les pièces de rechange. La France maîtrisait toute la chaîne de production des réacteurs nucléaires civils ; ce n'est plus le cas : c'est l'ami américain qui contrôle...
Si demain la politique française quelque part dans le monde déplaît à l'administration US, cette dernière peut rendre inutilisable le porte avion Charles de Gaulle en refusant de fournir les pièces de rechange des catapultes –conception Alstom – des avions embarqués...
Depuis le président Macron a confirmé les bonnes dispositions du ministre. Par compassion pour le marché et pour les intérêts allemands, il a offert la semaine dernière ce qui reste d'Alstom, l'industrie ferroviaire, à Siemens. Et quelques mois plus tôt, aux amis italiens dans le besoin, les chantiers navals de Saint Nazaire...
On aurait bien tort de ne voir dans le président Macron que le bon Samaritain ému par le sort des agriculteurs, et indigné par les privilèges des cheminots. Sa sollicitude pour les intérêts US nous avait déjà arraché des larmes d'émotion lors de l'invitation du président US Trump sur les Champs Elysées le 14 juillet. Elle confirme que faisant fi de toute étroitesse égoïste nationale, notre président est prêt à sacrifier les intérêts stratégiques français à l'ami américain, et à jeter au marché l'indépendance nationale. C'est beau un président altruiste.
On avait jadis qualifié Blair de toutou du président US. Il est pas mignon aussi, le toutou Emmanuel Macron ?