A propos de déclarations de Mélenchon sur Jérôme Guedj
Jérôme Guedj est député socialiste; il fait partie de ces socialistes qui ont critiqué Hollande et sa politique, il a rejoint Olivier Faure et un PS-bis qui semble avoir tiré des leçons utiles, de l'option libérale du PS depuis 1983 jusqu'à Hollande. Il a soutenu la NUPES. C'est un socialiste de gauche .
Sur le Proche Orient, il attaque la politique de vengeance de Netanyahou après le massacre terroriste du Hamas le 7 octobre. Il condamne les massacres commis par l'armée israélienne à Gaza. C'est un socialiste de gauche .
Il soutient Raphaël Glucksman en vantant ses propositions sociales pour l'Europe. Il ne dit rien – en tout cas je n'ai rien entendu de lui-- sur la frénésie militariste de Glucksman et son anticommunisme rance. C'est un socialiste de gauche.
Lorsque Mélenchon attaque Jérôme Guedj à propos de la guerre de Gaza, il n'attribue pas les positions de ce dernier à telle ou telle erreur d'analyse ou de convictions politiques. Il les attribue à la judéité de Jérôme Guedj. Pour Mélenchon, Jérôme Guedj n'est pas un socialiste de gauche, mais un « juif de gauche ».
Ce faisant, quelles qu'en soient les raisons, Mélenchon trahit une pensée essentialiste indigne.
Ce solo de virtuose n’est cependant pas isolé .
Le NPA et jusqu’à une organisation juive qui se dit « française et pour la paix » , ou encore une organisation de Palestiniens de France considèrent avec mépris les mouvements d’opinion de citoyens français juifs qui proclament leur soutien aux droits nationaux du peuple palestinien, assaillent avec constance la politique israélienne et condamnent le soutien du CRIF à cette politique. Elles et ils se déclarent comme juifs précisément pour ne pas laisser le champ libre à la propagande israélienne et ses thuriféraires : mais il n’importe s’ils ne se déclarent pas d’emblée « antisionistes », si tant est que cet attribut puisse être l’objet d’une définition univoque .
Pour le NPA et divers courants voisins idéologiquement la pierre de touche dans une prise de position respectable est une forme de déclaration en illégitimité d’Israël; on n’est pas loin de l’expression « entité sioniste ».
De la sorte les mouvements d’opinion de citoyennes et citoyens français juifs qui proclament leur attachement aux résolutions de l’ONU, donc au droit du peuple israélien à un Etat comme à celui du peuple palestinien sont suspects de « sionisme ». Pour le NPA et ses voisins idéologiques, ces citoyens et citoyennes n'expriment pas une conviction démocratique mais au contraire font preuve d’un lien essentialiste et irréductible à la politique israélienne et son axiome fondamental faisant d’Israël la seule voix autorisée des Juifs dans le monde .
Ce faisant, Mélenchon, le NPA et ses répliques politiques ne voient pas le lien étroit entre leur essentialisme de détestation et celui que manifeste quotidiennement le gouvernement israélien à l’ égard du peuple palestinien et ses porte-parole. Cela n’étonnera que ceux qui peu ou prou acceptent les axiomes intolérables de la politique israélienne actuelle.
Ce texte n'engage que ses signataires :
Pascal Lederer et Olivier Gebuhrer