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Physique théorique (matière condensée) de 1962 à 2009 (Directeur de recherche au CNRS); Mastère en philo des sciences

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Billet de blog 9 novembre 2018

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Le PCB dans la lutte contre la dictature militaire au Brésil(1964-1985)

Aperçu sur le rôle du Parti Communiste Brésilien dans la lutte contre la dictature militaire de 1964à 1985

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Le rôle du Parti Communiste Brésilien (PCB) dans la lutte contre la dictature militaire au Brésil (1964-1985)

Lors du coup d'état militaire contre le président João Goulart en 1964, l'armée s'attribue le pouvoir constituant, jette en prison des élus démocrates, arrête des dizaines de milliers de citoyens, supprime les libertés individuelles, etc.. Elle instaure une caricature de démocratie, son pouvoir est absolu, mais elle proclame que sa légitimité sera obtenue par des élections. Comme les candidats des militaires sont souvent battus aux élections suivantes en 1965, l'armée décrète l'Acte constitutionnel 2 (AI2) en 1965 : deux partis politiques sont autorisés. L'un, l'Arena soutenait le pouvoir, l'autre le MDB, était le parti d'opposition permis, dans le cadre de la suspension des libertés individuelles et collectives, et de la terreur. Face au mécontentement qui s'exprime qui s'exprime (grèves ouvrières contre le blocage des salaires) , l'armée, en 1968, par l'Acte Institutionnel 5, suspend la Constitution imposée par elle-même en 67, dissout le Congrès et donne tout pouvoir de répression aux forces armées, instaure une censure rigoureuse, généralise la torture, etc.. Le Parlement, à partir de 1977 comporte 33% de « sénateurs bioniques » non élus, désignés par l'armée.

Dès la mise en place de la dictature, le débat clandestin entre les différentes forces politiques démocratiques porte sur l'utilisation ou non de ces éléments politiques dans la lutte contre la dictature. Le mot d'ordre des courants non communistes était de voter blanc, en signe de protestation contre ces institutions fantoches. Le PCB, lui, se prononçait pour un front antifasciste et proposait d'utiliser le vote MDB comme arme politique. D'autres courants optaient pour la lutte armée, la guerilla urbaine, actions héroïques mais minoritaires (Marighela, et d'autres, souvent issus du PCB), facilement écrasées, qui servirent de justification à la répression terroriste militaire. (Par exemple la guerilla de Araguaia, animée par le PcdoB, alors maoïste).

Le mot d'ordre de vote blanc en 1970 donne une victoire écrasante à l'Arena, le MDB disparaît presque, donnant à la dictature une pseudo légitimité aux yeux de l'opinion publique mondiale et brésilienne. Les communistes, clandestins, pourchassés, parfois arrêtés, torturés ou assassinés, se battent pour combiner les luttes sociales et le vote MDB. Leurs efforts aboutissent à la première défaite décisive de la dictature en 1974 : le MDB obtient 59% des voix pour le Sénat, et 48% à la chambre des députés, nombre de candidats Arena sont battus. C'est le début du déclin de la dictature, qui déclenche alors une répression violente contre le PCB, les intellectuels, etc.. Mais en 1978, elle bat en retraite, révoque l'AI5, rétablit l'habeas corpus. Une « ouverture lente, graduelle et sûre » est annoncée. Les forces armées et les latifundiaires, la grande bourgeoisie, préparent depuis, avec des hauts et des bas, un compromis avec les forces démocratiques: une sortie de la dictature avec amnistie garantie pour ses crimes. La victoire électorale du MDB, cadre d'activité politique de toutes les gauches brésiliennes, y compris du PCB, accélère le processus de retour à la démocratie. Les exilés politiques, y compris la direction en exil du PCB peuvent revenir au pays. Le pluripartisme est rétabli en 1979. L'élection indirecte du candidat MDB à la présidence de la République en 1985 marque la fin de la dictature. En 1988, une Constitution démocratique rétablit l'élection du Président de la République au suffrage universel direct.

Les grèves des ouvriers métallurgistes de 1980, et les autres luttes sociales, animées notamment par les communistes, ont contribué à abattre la dictature. Le PCB s'est battu pour le retour de la démocratie, mais celui-ci se fera sans que les tortionnaires, les putschistes et leurs soutiens soient inquiétés. Le prix à payer est lourd : décimé par la répression, privé de débats internes pendant 21 ans, le PCB sort de la dictature en lambeaux, et divisé, sur l'URSS, puis sur son écroulement. En 1992, il s'auto-dissout et se constitue en Parti Populaire Socialiste. Une minorité décide de reconstituer le PCB. S'ensuit une longue bataille juridique, jusqu'en 2002, autour du sigle et du patrimoine du PCB. Il soutient les candidatures de Lula (PT) en 1998 et 2002, puis rompt avec lui, en critiquant sa politique libérale.Il se définit comme un parti de militants et de cadres révolutionnaires. En 2010 et 2014, ses candidats à la présidence de la République ne dépassent pas 0,05% des voix.

Complément

Le Parti Communiste du Brésil (PCdoB) fut créé en 1958, en appui au stalinisme et en réaction aux révélations de Khrouchtchev. Il reprend le premier sigle du PCB à sa création en 1922 et se proclame son continuateur légitime. En 1960, il devient maoïste et appuie le Parti Communiste Chinois. Pendant la dictature, il mène la guerilla à Araguaia. EN 1975, l'Action Populaire Marxiste Léniniste, originaire de la gauche catholique, rejoint le PCdoB. En 1978, ce dernier soutient le communisme albanais d' Enver Hodja.EN 1992, il abandonne la référence au stalinisme, puis adopte un « Programme Socialiste ». Il est rejoint par plusieurs intellectuels venus du PCB. Il participe aux gouvernements de Lula depuis 2002,soutient sa candidature à la Présidence de la République depuis 1989. Il se définit comme un parti de masse, dont l'objectif est le socialisme.

Après la victoire de Bolsonaro, PCB et PCdoB appellent à un vaste front antifasciste.

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