Sur la stratégie du PCF après le Conseil National de décembre
La lecture du rapport de Christian Picquet au CN du 11-12 décembre, des discussions et de la résolution montre que le PCF hésite entre deux mises en oeuvre des résolutions de la Conférence Nationale d'avril 2021 sur les élections présidentielle et législatives.
Le rapport et la résolution de décembre parlent d'un pacte avec le peuple, qui est un appel à soutenir la candidature de Fabien Roussel. Les comités des jours heureux s'adressent aux communistes et aux sympathisants du PCF pour la présidentielle.
Ils parlent aussi pour les législative d'une proposition de pacte législatif pour clarifier les enjeux des élections avec les différents partis de gauche, et faire élire le maximum de députés de gauche et PCF à l'Assemblée Nationale. Le rapport de Christin Picquet énonce :
« Nous appelons à la construction d’un pacte d’engagements communs avec l’ensemble des forces de gauche et écologistes pour battre l’extrême droite, les droites, et faire gagner une nouvelle majorité politique de gauche. »
La résolution indique aussi, à propos du contenu que le PCF propose pour ce pacte :
« Cette base vise à initier un dialogue ouvert pour un pacte d’engagements communs,
nationalement et dans toutes les circonscriptions, avec les forces de gauche, en prise avec les
luttes sociales et citoyennes et nourri de l’intervention populaire, des forces syndicales et
associatives, pour construire les engagements communs qui deviendront notre boussole
commune pour le mandat à venir.
Nous avons déjà rencontré les forces de gauche et écologistes pour discuter notre proposition
d’un pacte d’engagements communs. »
Ou bien on interprète ce pacte comme cadre de discussions pour des rencontres avec (les dirigeants) des forces de gauche et écologistes, et dans ce cas il n'est pas indiqué si le le contenu du pacte proposé est négociable ; ou bien on interprète ce texte comme visant à engager un dialogue ouvert (avec les citoyen-ne-s qui se reconnaissent dans) les forces de gauche et écologistes pour élaborer avec eux, dans chaque circonscription , le contenu le plus avancé possible.
Dans les deux cas la mise en œuvre de ces décisions peut-être renvoyée aux quelques semaines après le deuxième tour de la présidentielle, ou bien le PCF peut s'en emparer dès le début janvier, pour qu'il devienne l'affaire des citoyen-ne-s, qui ont pris la mesure du grand danger de la droite et de l'extrême droite. Les chances de succès dépendent de l'intervention des consciences populaires dans les discussions au sommet.
Reculer la mise en œuvre de la proposition de pacte législatif revient à diminuer d'autant ses chances de modifier la donne politique, – qui risque d'être catastrophique –. issue de la présidentielle. La laisser à des discussions avec les appareils politiques de gauche est oublier les enseignements des cinquante années passées depuis la proposition par le PCF de Programme Commun de la gauche. Un pacte législatif au sommet risque d'être jeté aux orties s'il n'est pas l'affaire des couches populaires.
Le rapport de Christian Picquet présente les objectifs ambitieux du pacte législatif, et mentionne trois moyens pour les atteindre.
Il en manque un, décisif, à mon avis : redonner l'espoir aux couches populaires que les objectifs proposés par le PCF ont une chance de réalisation, ne serait-ce que partiellement. La dépression politique massive devant la division à gauche désarme et démobilise, y compris les militants. Division à laquelle le PCF, qu'on le veuille ou non, participe, en en rajoutant sur les incompatibilités programmatiques à gauche.
Séparer l'effort, pour la diffusion de nos propositions, de la lutte pour que le PCF soit porteur drapeau de l'unité populaire nous rend inaudibles. Nos propositions apparaissent illusoires, chimériques.
Un coup terrible peut-être porté au PCF, à nos forces, à la démocratie. La prochaine Assemblée Nationale aura-t-elle des groupes de gauche?
La discussion lors du CN de décembre tourne autour de cette question. La résolution du CN de décembre peut aboutir à une pratique qui ranime l'espoir, l'envie de lutter, ou qui approfondit le fatalisme à gauche.
Il appartient à tous les communistes de s'emparer de cette discussion, et de faire pencher la balance du bon côté. Le temps presse.