Aucun doute pour moi: si les élections municipales étaient organisées de façon démocratique, c'est a dire a la proportionnelle, il n'y aurait eu aucun débat, une liste Front de Gauche comportant tous les partis alliés aurait été présentée, et aurait défendu des options municipales en cohérence avec celles du programme " l'Humain d'abord".
Mais voilà, on nous impose un mode de scrutin majoritaire a deux tours qui vise au bipartisme, a l'étouffement du courant révolutionnaire. A Paris, par ailleurs, la grande majorité des électeurs qui se reconnaissent dans la gauche considère qu'avec l'activité des élus PCF et PG au Conseil de Paris, la gestion PS/EE-LV/PG/PCF , même si on peut faire des critiques, a été sans conteste meilleure pour les couches populaires que celle de Chirac et Tiberi, marquées par la flambée immobilière, le pillage des ressources parisiennes, l'affaiblissement des services publics municipaux, etc.. Au contraire, depuis la conquête de Paris par la gauche, 70 000 logements sociaux de plus, en dix ans, re municipalisation de l'eau, places de creches, Paris plage en juillet-août, couloirs de bus, etc.. Les P arisiens des beaux quartiers s'en moquent, mais pas les salaries, les employés, les intellectuels salaries, les cadres moyens, etc..
En même temps, depuis la défaite de l'UMP, la politique Hollande/Ayrault, leur complaisance pour le MEDEF, la signature du traité Merkozy, la politique d'austérité, le reniement des promesses de campagne suscitent colère, déprime, découragement, en même temps qu'elle fait flamber l'incendie FN.
Dans ces conditions, il est compréhensible que certains pensent utiliser le terrain municipal principalement pour mettre en accusation la politique nationale, a partir des positions du FdG. Que le PG ait lance la candidature de Mme Simonet sans consulter ses partenaires est regrettable, mais le raisonnement politique n'est pas sans fondement. Lancer cette candidature de façon unilatérale a été une faute politique, mais elle ne devait pas empêcher a priori un choix du PCF d'une liste qui groupe tous les partis du Front de Gauche.
Un élément nouveau est apparu depuis le choix de l'autonomie par le PG dans toutes les grandes villes. Les élections partielles ont montre un effondrement de l'électorat PS, une abstention populaire massive, une stagnation en pourcentage du Front de gauche, une poussée dangereuse d'un FN surfant sur le racisme, la désespérance, et la démagogie. Sila situation est pré-révolutionnaire, il s'agit davantage de risque de contre-révolution, enracinée dans la crise pour en faire payer le prix a ses victimes.
Le fait est la: le Front de Gauche n' a pas encore conquis le statut de force crédible pour exercer le pouvoir, avec d'autres, ou, a fortiori seul. La droite prepare des alliances honteuses et liberticides avec Le Pen. Paris est menace. Il faut donc s'attacher a renforcer le Front de Gauche. Qu'est ce que ça veut dire " renforcer le Front de gauche" ? ça signifie gagner des centaines de milliers, des millions de consciences nouvelles parmi ceux qui doutent, qui s' abstiennent, qui désespèrent. Montrer qu'on peut obtenir des avancées concretes contre l'austérité. Malgré la politique mise en preuve au niveau national. Mener a la fois le combat contre la politique nationale d'austérité et faire du terrain municipal un terrain de conquetes contre l'austerite.
La majorité des communistes parisiens a pense que la meilleure façon de faire progresser le Front de Gauche a Paris était de battre la droite, et de gagner de nouveaux élus a Paris, sur la base d'un programme qui contienne de fortes mesures contre l'austerite, contre la vie chère. Conscient que la bataille de Paris serait rude, le PS parisien a incorporé dans son programme plusieurs mesures importantes du programme municipal parisien du PCF "Paris n'est pas a vendre": baisser le coût du logement, notamment en adoptant la visée de 30% de logements sociaux a paris. (On peut ironiser sur l'horizon 2030, mais la droite ne s'y trompe pas, qui hurle a la " dictature communiste a Paris"). Baisser le prix de l'alimentation, avec des ventes alimentaires sans intermédiaire entre producteurs et consommateurs. Gratuite des premiers mètres cubes d'eau sur condition de ressources. Embauche de personnel municipal pour les nouveaux services publics. Etc.. Voilà un programme offensif pour battre la droite, montrer l'utilite du Front de gauche.
On peut très bien penser que le compte n' y est pas, que l'austérité au niveau national se répercute fatalement sur les municipalités, ce qui est vrai. On peut pointer que le PS parisien n'entend pas exiger du gouvernement le remboursement des charges transferees, etc.. Il est certain que la mise en œuvre des mesures du programme municipal PS/PCF ne se fera pas sans lutte, même si la gauche l' emporte. Il est certain en revanche que la victoire de la droite a Paris signifierait le retour de l'affairisme, le déchaînement de la spéculation, l'affaiblissement des services publics, etc.. Les. Parisiens, les Français progressistes seront severes avec ceux dont la myopie aurait favorisé une victoire de la droite.
Melenchon a raison de dire que ce qui se passe a Paris a une signification nationale, voire européenne. Eh bien, je pense que si nous battons la droite a Paris, si nous augmentons le nombre d'elus FdG au Conseil de Paris ( avec une fusion de la liste Simonnet avec la liste PS/PCF au 2eme tour), ce sera un signe d'espoir pour toute la gauche, en France et en Europe, la preuve que le retour annoncé de la droite n' est pas fatal. Ce sera en définitive un renforcement de tous les partis du Front de gauche.
Inversement, quel serait l'effet d'une campagne municipale axée, face a la droite, sur la désignation du PS municipal comme l'adiversaire principal? En désignant aux électeurs de Hollande déboussolés,mécontents, tentes par l'abstention, le parti dans lequel ils se reconnaissent comme l'adversaire, allons-nous faire évoluer leur perception des mesures a prendre contre la finance? Ne risquons nous pas de les enfoncer davantage, devant la division, dans la conviction qu'il n'y a rien a attendre de bon de la politique?
Il est tout a fait vrai que le choix du PCf parisien comporte un risque, que pointe Melenchon: celui de brouiller la critique que nous faisons a la politique libérale menée par Hollande et Ayrault. Mais contrairement a ce qu'on peut lire sous des plumes pas toujours très intelligentes politiquement, il n'y a pas ralliement du PCF parisien au PS, ni rupture avec le Front de gauche! Le Front de gauche, je le répète, est consubstantiel au PCF: a Paris, a Marseilles, a Dieppe ou Avignon, ou dans n'importe qu'elle commune de France. Il va falloir impérativement définir une campagne municipale a Paris coherente avec notre critique de la politique nationale. Elle l'est deja, partiellement, par son contenu qui est en rupture avec l'austérité. Mais la lutte contre les réformes libérales nationales du PS ( retraites, sécurité sociale, environnement, sécurité, immigration, etc.) devra être menée sans répit.
Hidalgo n'est ni Hollande, ni Ayrault, ni Valls. Des fractions de gauche de plus en plus nombreuses jusqu'au sein du PS marquent leur convergence croissante avec le programme du Front de gauche. Soyons ouverts, rassembleurs, sur les bases programmatiques qui sont celles du Front de Gauche, " l'Humain d'abord" , sans sectarisme, dans le respect des options de chaque parti du Front de G auche, dont le partisan le plus déterminé, a Marseilles, a Lyon, a Paris et partout en France, est le PCF.