Drame hispano-catalan : des leçons pour la France et l'Europe ?
A première vue, la violence du gouvernement espagnol contre les aspirations nationales catalanes a des aspects tellement particuliers à l'Espagne, à l'histoire catalane depuis des siècles, à la complexité de la construction nationale espagnole au cours de le Reconquista, à l'histoire du fascisme franquiste, à ses persistances dans la droite espagnole, aux intérêts convergents de la droite catalane et de la droite espagnole pour faire oublier les imputations de corruption à leur égard, etc., qu'il semble aléatoire d'en tirer des leçons pertinentes en ce qui concerne les orientations du mouvement progressiste en France et en Europe.
Et pourtant...
N'avons nous pas vécu au cours des derniers mois une campagne électorale en France ou le sentiment national a joué un rôe non négligeable? Plus de 30 % des voix se sont portées au 2ème tour de la présidentielle sur le FN qui voulait sortir de l'Euro. A gauche de même, Mélenchon avec près de 20% des voix au premier tour, a agité un thème semblable flattant de façon dangereuse un nationalisme myope. Il ignorait les solidarités possibles entre peuples européens, ne retenant que les effets de la politique ultralibérale des dirigeants actuels de l'Europe.
Ne voyons nous pas dans le drame catalan, une logique d'affrontements, de division populaire, fondée sur un nationalisme et un juridisme autoritaire, sur un déni de démocratie et de solidarité? Les peuples d'Espagne n'ont-ils pas des intérêts communs pour combattre la politique ultra libérale de M. Rajoy comme de M. Puigdemont ? N'est-il pas clair que l'intérêt de ces peuples est la prise en compte des aspirations nationales historiques dans un cadre national espagnol commun, autour d'une politique progressiste ? A qui profite la division populaire actuelle en Catalogne, en Espagne ?
Comparaison n'est pas raison, certes.
Il reste que tout montre que la violence de la politique ultra-libérale imposée aux peuples européens par une coalition des droites – malgré les refus populaire en France, en Irlande et aux Pays Bas – peut nourrir des sentiments nationalistes exploités par les extrêmes droites européennes, qui entendent dresser les peuples les uns contre les autres, pendant que les multinationales tireraient les marrons du feu.
Voila pourquoi, une leçon du drame hispano-catalan est l'urgence pour le mouvement progressiste en France et singulièrement pour le PCF, de porter bien plus haut et bien plus fort la vision communiste d'une Europe des peuples, associés pour le progrès commun contre les intérêts financiers et industriels dominants
Le sentiment national français n'est-il pas blessé quand Alstom passe sous contrôle allemand ? Quand la construction navale passe sous contrôle italien sans que le pouvoir actuel, imbibé d'idéologie et de pratique libérales ne lève le petit doigt ? Faut-il laisser au FN et à la droite extrémisée la démagogie d'une protestation chauvine ?
La vision communiste de l'Europe comme libre association de peuples souverains doit être beaucoup plus médiatisée, nourrie de propositions institutionnelles concrètes qui garantissent qu'à aucune étape aucun peuple ne pourrait se voir imposer une politique –économique, sociale, environnementale – dont sa majorité ne voudrait pas.