A lire çà et là quelques échanges sur Mediapart ces jours-ci, entre internautes et journalistes de la rédaction, il ne me paraît peut-être pas inutile de préciser une ou deux choses concernant mon dernier billet, "La culture du journalisme comme un acte intime", et au-delà.
Bien sûr, chacun peut prolonger comme il entend ce que j'ai écrit. Mais tout de même, ceci, à l'usage de tout Mediapart : quand je parle d'acte intime, je vise explicitement, et spécifiquement, l'acte qui consiste, culturellement, à s'approprier une idée, une pensée, des mots, comme s'ils étaient siens. Cet air entendu me plaît, je le fredonne, cette pensée me plaît, je la fais mienne. Cette pensée de la culture comme un acte d'appropriation intime, je la tiens moi-même de lectures ou d'échanges que j'ai eus, et je me la suis tellement appropriée que je ne sais plus (très honnêtement) d'où je la tiens, ou comment je l'ai nourrie à partir de ceci ou cela.
C'est en soi un sujet passionnant, qui ne pourrait faire l'économie d'un travail de réflexion ordonné et référencé, mais ce n'est pas l'objet de ce P.-S.
Je souhaite avant tout lever une première interprétation de cet acte intime qui conduirait mécaniquement à taxer les contributions des blogueurs adhérents d'intimistes. Non, c'est là tout autre chose. Qui n'appartient qu'à la teneur de leurs communications.
Mais singulières, sans doute le seront-elles. Mais étrangères à la culture du journalisme, autrement dit à son histoire, intimement mêlée à l'histoire des idées, pour une grande part, oui, le sont-elles.
A ce point, puisque ce journal est aussi l'aventure de ses lecteurs participants, on voit bien combien les enjeux qui se nouent dans Mediapart sont, vont être d'une riche complexité (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont condamnés à être compliqués).
Pour conclure ce P.-S., je rends la parole aux instigateurs de Mediapart, les journalistes, car ce sont eux qui "impriment" les premiers mots de cette aventure. Deux exemples récents, me semble-t-il, montrent le travail de journalistes qui est en cours dans Mediapart : ainsi, voyez comme l'abondance de commentaires dans son dernier article a mené Sylvain Bourmeau à donner en filigrane quelques précisions sur sa démarche (et sa pratique) de journaliste (outre l'importante question/problème de l'anonymat sur Internet qu'il a raison de porter publiquement).
Enfin, voyez la boîte noire qui ponctue l'article (à paraître) de Gérard Desportes sur les préfets. C'est un modèle du genre, me semble-t-il, de cette culture du journalisme qui prend un tour si singulier, inédit, à Mediapart : avec tout Mediapart. Ces deux exemples me paraissent signifier une chose importante : même si elle ne trouve pas encore à s'exprimer ici et là comme d'aucuns le souhaiteraient, l'aventure participative a bien commencé...
P.-S. au P.-S. Apparu hier, en colonne du Club, j'aurais également pu citer le papier très abouti – et vraiment exemplaire de ce travail participatif à l'œuvre dans Mediapart – de Ludovic Lamant dans son blog, "Crise alimentaire : quand les commentaires font vivre les articles".