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Billet de blog 11 novembre 2008

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Chaud, média chaud

Mon vieil et grand ami, «perdu de vue» depuis des lustres, F. J. Ossang, à ma connaissance seul et unique poète-cinéaste crépusculaire et «dada rock'n'roll», m'avait expliqué du temps où il fréquentait l'Idhec, l'école de cinéma où il faisait bon voir Tati, qu'il fallait distinguer entre «média froid» (la télévision) et «média chaud» (le cinéma).

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Mon vieil et grand ami, «perdu de vue» depuis des lustres, F. J. Ossang, à ma connaissance seul et unique poète-cinéaste crépusculaire et «dada rock'n'roll», m'avait expliqué du temps où il fréquentait l'Idhec, l'école de cinéma où il faisait bon voir Tati, qu'il fallait distinguer entre «média froid» (la télévision) et «média chaud» (le cinéma).

Il serait très tentant de faire dériver cette notion de «média chaud» d'un écran l'autre, de la salle obscure du cinéma à l'ordinateur de la Toile aujourd'hui, surtout en ce lieu interactif qu'est un journal en ligne d'information «participatif».

Cette notion de «média chaud», dans l'esprit de ceux qui la prônent, se fonde tant sur le mode d'émission que sur celui de réception d'un travail (artistique ou pas). Dans tous les cas, l'émetteur et le destinataire sont supposés en condition optimale de situation par rapport au «message» délivré.

Nul doute qu'internet va effectivement dans le sens d'une plus grande effectivité de ces manières d'implication, de réciprocité dans les échanges, d'un lieu (exemple tout trouvé, le support d'un journal en ligne) vers d'autres (espaces participatifs ou interactifs...).

A ceci près que, d'un lieu/support (salle, livre...) l'autre (page web), tant la sollicitation que l'appréhension du temps et de l'espace sont modifiées, voire profondément altérées. Les situations humaines (existentielles, fonctionnelles) ne sont plus les mêmes, tout comme les réalités sociales (politiques) qui en découlent. Qui plus est, le tout s'inscrit dans un contexte historique «sociétal» que d'aucuns, par simple jeu de pouvoir ou de profit personnels, pourraient se complaire à rendre flou, à flouter, en pipant les règles éthiques des échanges.

Fondamentalement, du plus simple au complexe, la pensée est toujours une activité symbolique, constitutive d'un langage, d'images. Toute une série d'articulations la rendent opérante, cette pensée, jouant sur des transmutations qui l'oriente, entre le langage, l'homme, la société, l'histoire, et ce, encore, selon la prévalence qu'on accorde à ces derniers, les uns par rapport aux autres, en miroir.

Mais la machine la plus désirante n'est rien, tout au plus une abstraction nouvelle (au demeurant rationnelle...), si son fonctionnement ne nous dit rien de ce que l'on invente de nous-même dans ces manières a priori inédites de «communication».

Si, existentiellement, rien n'est jamais prédictible, si tout est subjectif et le demeure, fonctionnellement, concrètement, en revanche, on peut objectivement saisir, sur le fil, «ce qui change», de façon immanente, sans solution de continuité, sans rupture, entre le passé, le présent et le futur existentiels*.

On le doit même si l'on veut tenter une sortie du rationalisme abstrait de cet univers machine où l'être sommeillerait loin des choses du monde.

Chaud, vous avez dit média chaud ?

*Au sens de ce vers de Fondane, le seul peut-être proprement «philosophique» de toute son œuvre, «où ce qui est demeure en ce qui change».