Patrice Beray (avatar)

Patrice Beray

Journaliste, auteur

Journaliste à Mediapart

180 Billets

1 Éditions

Billet de blog 15 mai 2008

Patrice Beray (avatar)

Patrice Beray

Journaliste, auteur

Journaliste à Mediapart

La porte

Peut-être l’alexandrin le plus incongru de la poésie française. Parce qu’une porte est désignée, et qui pourtant, on le devine, restera toujours ouverte à celui qui la prend. Un peu contraint sans doute, tenu qu’il est de le faire.

Patrice Beray (avatar)

Patrice Beray

Journaliste, auteur

Journaliste à Mediapart

Peut-être l’alexandrin le plus incongru de la poésie française.
Parce qu’une porte est désignée, et qui pourtant, on le devine, restera toujours ouverte à celui qui la prend.
Un peu contraint sans doute, tenu qu’il est de le faire.

Mais le temps est venu de prendre la porte. Puisque c’est comme ça que la vie se donne.
Un vers qui en rabat. Comme une porte.

« Enfant je t’ai donné ce que j’avais travaille »

Donc, un alexandrin, ce vers dont Aragon a écrit qu’il était le vers « français » par excellence. Comprendre : un vers avec de l’identité. Une idéologie.

Ici, un vers comme une histoire d’héritage, mais pas que littéraire. Car sa serrure-césure a été forcée, de l’intérieur, pour qu’il s’ouvre comme une porte. Et proprement, ici, il est question de filiation. Laquelle se déclare comme une histoire affective, et déjà sociale.

Car c’est là un vers social, qui paie son terme, son loyer des 12 syllabes avec « travaille ». Un vers qui a été aimé, bien éduqué.

À qui on montre la porte, mais côté intérieur encore, comme dans le chez-soi de l’alexandrin.

Sur le seuil de l’histoire…


(Apollinaire, « La porte », Alcools)