A l'«oiseau nul» qui a passé de branche en branche tout le temps qui déborde depuis l'enfance, où seul l'amour du chant peut en découdre.
Avant la fin
Ce serait un souvenir d'enfance. On l'achèterait pour presque rien, on l'achèverait dans une impasse.
Ce serait le crépuscule, l'incendie de la fontaine.
Ce serait dix heures du soir et la pluie jusqu'aux os, jusqu'aux fleurs blanches des os.
Il ferait jour. Il ferait plus que jour.
Ce serait le faubourg, on dirait la lisière. L'air serait vert, les paroles jaunes.
Ce serait un cheval perdu là où on l'a trouvé, un cheval dans sa brume et qui lécherait tes bas,
un téléphone, près d'un mannequin.
Il ferait jour.
Ce serait un peu avant la fin.
Il ferait plus que jour.
Ce serait la ligne perdue d'un appel au long cours, un pêcheur d'or à marée basse.
Ce serait la route qui va là-bas, qui n'y va pas.
Ce serait la terre dans l'ombre, la cendre des cascades.
Et juste avant la fin,
il ferait jour.
Ce serait toujours ça de vu.
Pierre Peuchmaurd (26 juillet 1948-12 avril 2009).
(Poème extrait du recueil Le Tigre et la chose signifiée, L'Escampette, 2006.)