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Billet de blog 4 avril 2020

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APRES LA CRISE SANITAIRE, PLUS JAMAIS CA

Ne dépensons plus notre énergie à critiquer les actions ponctuelles, bien que largement critiquables, du gouvernement dans la gestion au jour le jour de la crise. En critiquant les actions présentes nous nous éloignons du problème principal : l’incapacité du système néolibéral à contrôler une crise grave et à protéger sa population, et à sa conséquence: la nécessité d'en sortir.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Certes la gestion des masques, des solutions hydroalcooliques et des tests de dépistage a été au minimum inconséquente et improvisée, la communication balbutiante et confuse. Soit. Mais Pour tous ceux et celles qui pensaient sincèrement, y compris parmi les moins de 20% des inscrits qui avaient voté pour Mr macron au premier tour, que « la main magique du marché » allait tout régler, la crise révèle de façon flagrante qu’il n’en est rien et que celles et ceux qui prônaient depuis longtemps un revirement politico économique à 180° n’étaient pas dans l’exagération et l’inconséquence.

Il doit aujourd’hui apparaître évident à une majorité que ce système est destructeur et suicidaire et qu’à force de favoriser toujours et plus les plus riches, il laisse les plus démunis, toujours plus nombreux, et toujours plus pauvres, livrés à tous les dangers.

Oui, les services publics permettent de réduire les inégalités sociales et leurs conséquences désastreuses. Oui ils empêchent les plus pauvres de sombrer devant une adversité. C’est vrai de l’hôpital public, la crise du Covid nous le jette à la figure, mais aussi de l’enseignement, des transports, de l’assurance chômage, de l’assurance maladie, du contrôle des énergies de première nécessité comme l’eau et l’électricité, etc…La crise sanitaire du Covid nous démontre tragiquement les conséquences du long détricotage de ces acteurs publics de la solidarité par les gouvernements successifs depuis près de 40 ans (allez, disons 1983 et le virage libéral du gouvernement Mitterrand), accompagné de la réduction du nombre de fonctionnaires, soi-disant pour payer « la dette ».

Non, la privatisation des services publics ne les remplace pas ni quantitativement, ni qualitativement. Le seul intérêt de leur privatisation est leur accaparation à bas prix et de faire passer de l’argent public (celui que nous avons dépensé, ainsi que nos parents et grands-parents par les contributions sociales que nous avons versées au cours de nos carrières professionnelles) dans des poches privées. Finalement, il ne s’agit que d’un détournement de fonds publics. On voudrait nous faire croire que nous pourrons bénéficier de services privés, plus performant, efficaces et économes ? Eh bien non. Alors que les services publics sont là pour la solidarité, doivent être financés par un effort collectif solidaire à la hauteur de la fortune de chacun, l’objectif des entreprises privées n’est que d’augmenter les bénéfices de leurs actionnaires au dépends de toute autre considération.

Loin de tirer les leçons de la crise, le gouvernement actuel, image de l’intégrisme néolibéral impénitent, persiste et signe. A côté de déclarations formelles sur la nécessité de gérer la crise « quoi qu’il en coûte », le Président demande à la caisse des dépôts d’étudier plus de privatisation de l’hôpital public. On nous déclare que le gouvernement (c’est-à-dire nous les contribuables) va dédommager les entreprises des conséquences économiques de la crise. Mais Monsieur Lemaire hésite encore à y mettre des conditions et à en exclure les grosses entreprises qui continuent à verser des dividendes. Mme Pénicaud veut « challenger » les entreprises qui n’obligent pas leurs salariés à travailler au mépris de leur santé. Mr Darmanin veut lever une campagne de « dons » pour payer la crise et non l’impôt. Bref, tout ce qu’ils prévoient, c’est que de nouveau des poches privées aspirent de l’argent public sans contrepartie, c’est que de nouveau, seuls les moins riches contribuent à la solidarité. Tous voudraient croire qu’après la crise, quand on comptera nos morts, nos nouveaux pauvres et les autres conséquences économiques sociales et sanitaires, tout pourrait recommence comme avant.

Ce n’est plus tolérable. La crise du Covid aura montré qu’une autre politique est non seulement souhaitable et possible, mais qu’elle est indispensable, que c’est une question de vie ou de mort. Exigeons de reconstruire les services publics dans un esprit de solidarité. Aidons financièrement les PME qui sont les plus grosses génératrices d’emploi et d’innovation mais pas les grosses entreprises. Pour faire cela, annulons les dettes quand c’est nécessaire pour la survie (comme cela s’est toujours fait dans l’Histoire), et exigeons des plus riches une contribution en rapport avec leur fortune par l’impôt et une lutte enfin efficace contre la fraude et l’évasion fiscale.

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