La question de la répression de l'incitation à la haine sur internet se réduit le plus souvent aux discours bas de gamme répétant des insultes racistes, antisémites et homophobes. Voici un cas beaucoup plus subtil, chic et donc dangereux de la façon dont la toile peut servir à propager des rumeurs racistes. Cela fonctionne...
Thibault de Montbrial est un aristocrate bon teint, ancien militaire, avocat spécialisé dans la défense des forces de l'ordre. Il est aussi le président d'une officine qui, d'après son site, se résume à sa seule personne. Il intervient de temps à autre comme "expert" sur LCI ou France Inter et publie, chez Plon, un livre au ton très guerrier ("la France est en guerre") vanté par le site d'extrême-droite "Français de souche".
Or, sur Twitter, notre bon maître de Montbrial vient de publier une information étonnante.
On peut s'étonner de voir un bar ouvert refuser de vendre quoi que ce soit pour raison religieuse. En toute logique, il aurait fermé.
Mais les followers du bon Thibault de Montbrial ne se posent pas ces questions. Il partagent par centaines la rumeur sans la vérifier et y ajoutent des commentaires haineux, racistes, méprisants.
Or, voilà que Jérome Coumet, le maire du 13e où se serait déroulé le dit incident intervient dans le fil et demande des détails, un lieu, le nom de l'établissement.
Le témoignage indirect s'effrite alors. C'est un bar quelque part. Ce n'est pas le bar, c'est le serveur...
Un employé qui est donc payé par son patron pour expliquer aux clients de la terrasse que, vu le ramadan, ils ne pourront rien consommer... Ou bien un vilain serveur musulman qui, dans le dos de son patron, refuse de servir les clients?
Tout cela rappelle le pain au chocolat de Jean-François Copé ou les enfants qui, d'après NKM, manquaient l'école pour aller à la prière. Enfants qui, vérification faite, n'ont jamais existé.
Voilà comment se joue une certaine propagande d'extrême-droite, propre sur elle, polie, indignée même et légitime sur les plateaux de télévision. Mais qui répand la haine et le chaos. Ce que Thibault de Montbrial feint de dénoncer dans son livre...