A propos du débat sur la prostitution et principalement du fait de savoir s'il faut ou non pénaliser les "clients", France télévisions nous a donné l'habitude d'organiser des débats pour le moins déséquilibrés où les représentants du monde de la prostitution pouvaient défendre, à quatre contre un, l'idée que la prostitution est un commerce comme un autre.
Frédéric Taddéï avait été jusqu'à inviter pour une longue interview le proxénète "Dodo la Saumure" qui venait d'être condamné justement pour proxénétisme agravé. Il a ainsi pu défendre son petit commerce du sexe des femmes pauvres.
Dans quelques jours, la chaîne France5 se lancera dans un exercice du même type en invitant pour un "débat" deux personnes qui seront totalement d'accord, sans la moindre place pour un-e contradicteur-trice. Un vent favorable m'a fait savoir que le sujet "peut-on sortir de la prostitution?" avait évolué à la demande de la chaîne en "la prostitution peut-elle être un choix de vie?".
Deux personnes se donneront la réplique, Franceline Lepany, présidente des amis du bus des femmes et Lisa, gérante d'un salon érotique à Genève (en français de France, on dit "proxénète").
La première a estimé devant une commission du Sénat que la prostitution pouvait être considérée comme une "libre prestation de services", plaçant ainsi cette brutale exploitation de femmes dans le champ ultralibéral de la marchandisation du corps et de l'exploitation des plus pauvres. Quant à la seconde, vu sa fonction, on imagine déjà comment elle vantera les mérites de sa boutique où les "travailleuses" sont folles de joie de louer leur vagin, leur anus ou leur bouche à des dizaines de types quotidiennement.
Une fois de plus, alors que l'Assemblée nationale va rouvrir un débat qui nécessite savoir, enquête et arguments, alors que les autorités suédoises (y compris l'opposition de droite qui avait à l'époque voté contre la loi, changant d'avis depuis) ne cesse de démontrer le bienfondé de la pénalisation des clients, France télévisions va faire la promotion de ce qu'elle considère comme un "métier".
A moins que le CSA n'ait le courage d'y mettre fin. En effet, suite à l'interview de "Dodo" par Taddeï, "le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel réuni en session plénière le 19 mars 2013, relève le caractère complaisant de l'interview de M. Dominique Alderweireld par M. Frédéric Taddeï et regrette que l'animateur n'ait pas donné tous les éléments permettant d'assurer l'équilibre des points de vue".
On suppose qu'il réitèrera le même avis.
Pour lui écrire: c'est ICI