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Billet de blog 3 décembre 2021

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Le discours présidentiel de Théraneau

« C’est à la République de faire sa Révolution et c’est à son bras le plus puissant d’agir. Je veux bien sûr parler de l’école, et en particulier de nos meilleures écoles, celles que le monde entier nous envie. Rappelez-vous, (...). Il fut même un temps où l’Ecole Nationale d’Administration formait des serviteurs de l’Etat et non des banquiers ! » (Alice et le Maire - Nicolas Pariser)

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Alice et le Maire raconte la rencontre d'un vieux Cyrano contemporain (à moins qu'il ne s'agisse de Christian) - Théraneau, maire de Lyon - en panne d'inspiration et dont le cabinet, dans la perspective d'une ambition présidentielle, fait appel à une jeune Roxanne - Alice, normalienne - pour réveiller son inspiration et son enthousiasme par des notes sur tous les sujets qui l'inspirent.

Les rôles du Cyrano d'Edmond Rostand sont inversés.

Le film se termine - presque - sur la rédaction d'un discours, son point d'orgue, qui rappelle également Ruy Blas :

« Il ne suffit pas de dire que nous allons lutter contre le monde de la finance comme si ce monde était une armée abstraite, sans soldat, sans division. Cette armée est concrète et de quoi, de qui est-elle faite ? Par exemple, ici, en France ? La réponse est simple. Simple mais terrible. Le monde de la finance, ce sont nos enfants. Oui, les enfants de la République. Je vais même aller plus loin : ce sont nos meilleurs élèves, ceux-là même que notre école républicaine a révélé, accompagné, instruit, élevé jusqu’à l’excellence. »

« Ceux que l’on appelait encore autrefois, un peu naïvement, "l’élite de la République". Ils étaient hier scientifiques, ingénieurs, professeurs, médecins, architectes, généraux. Aujourd’hui, ils se pressent, dès leur vingtaine, aux portes des plus grandes banques et des plus grandes entreprises financières. Mes amis, mes camarades, qu’avons-nous fait de nos enfants ? »

« Qu’avons-nous fait de nos enfants? Des plus brillants d’entre eux, de ceux qui auraient dû mener notre pays vers le progrès social, vers une solidarité plus profonde et plus efficace? Pour paraphraser Mario Vargas Llosa: "A quel moment, la France s’est-elle foutu en l’air? " A quel moment, son école a-t-elle retourné la République contre elle même? A quel moment a-t-elle fabriqué ce nouvel individu, sans attachement national, sans sentiment de solidarité avec son prochain? Quand a-t-elle enfanté ce citoyen du Monde qui part travailler dans toutes les City, tous les Wall Street et qui paye de moins en moins ses impôts en France ? »

« C’est à la République de faire sa Révolution et c’est à son bras le plus puissant d’agir. Je veux bien sûr parler de l’école, et en particulier de nos meilleures écoles, celles que le monde entier nous envie. Rappelez-vous, il fut un temps où les écoles d’ingénieurs formaient des ingénieurs et non des banquiers. Rappelez-vous, il fut un temps où les écoles de commerce formaient des entrepreneurs et non banquiers. Il fut même un temps où l’Ecole Nationale d’Administration formait des serviteurs de l’Etat et non des banquiers ! »

« La droite va nous dire: on ne peut pas se passer de la finance. Nous avons plus que jamais besoin d’emprunter de l’argent. De toujours plus emprunter. Peu importe s’il n’y a plus d’argent, si le système économique est à bout de souffle et ne produit plus de croissance. Aux meilleurs d’entre nous de trouver des moyens toujours plus risqués de fabriquer l’argent dont nos économies boursoufflées ont besoin... »

« Peut-être, le temps des chemises françaises fabriquées en Chine pour un euro est-il révolu. Celui des pots de yahourts fabriqués à 3000 km des yahourts eux-mêmes appartient-il au passé. Peut-être est-il temps de rendre le fonctionnement de nos sociétés, de nos économies plus simple, moins fou, plus juste, plus décent. Ce doit être cela la gauche aujourd’hui ! Peut-être est-il enfin venu le temps de l’instruction pour tous, de la responsabilité, de tous, et … de la modestie. »

Un autre extrait :

GAUTHIER (un ami d'Alice avec qui elle s'entretient et qui lui parle de son épouse artiste)

C’est la contrepartie de sa lucidité. De son rapport extrêmement étroit à la vérité. Elle ne se raconte pas d’histoire. Alors, elle nous laisse un peu sur le chemin de temps en temps. Je ne sais pas si c’est la folie qui lui fait voir la vérité ou si c’est la vérité qui la rend folle. (…)

Prolonger :

Texte de l'intervention à l'Assemblée de Beaufort dans le film d'Henri Verneuil " Le président "

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