Autres auteurs cités dans l'entretien :
Ferdinand Tönnies, sociologue : communauté et société
Jean Baudrillard : l'ironie des masses
Jan Waclav MAKHAÏSKI: LE SOCIALISME DES INTELLECTUELS
Hoggart : la culture du pauvre
Présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur :
https://www.editions-allia.com/fr/livre/447/de-la-decence-ordinaire
De la décence ordinaire
Bruce Bégout
La fin d’une époque – les conditions du vrai
L’enjeu des affrontements
“De plus en plus, les gouvernements dépêchent des psychologues sur tous les lieux du drame social afin de masquer ses origines non psychologiques.” “Ce n’est pas Orwell qui est désespéré, c’est le monde qui est, de plus en plus, désespérant.”
George Orwell est connu pour avoir écrit 1984 ou La Ferme des animaux, satires du totalitarisme. Il l’est moins pour la réflexion qu’il a menée sur la condition des gens ordinaires. Bruce Bégout rend ici hommage à l’humanisme d’Orwell. Il y a, dans sa pensée, la combinaison inédite d’une lucidité pessimiste et d’une joie de vivre. En parcourant son œuvre, il cherche à définir la notion de “décence ordinaire”. La “common decency” serait ce “sens moral inné” qui incite les gens simples à bien agir. Orwell se demande quel rôle politique elle peut jouer. Partisan de l’engagement, il déplore la résignation des gens ordinaires. Sans jamais tomber dans un sentimentalisme à la Dickens, il défend l’idée d’un socialisme utilisant cette décence comme arme politique. Il dénonce, par contraste, l’indécence extraordinaire des intellectuels qui s’affilient au pouvoir et les dérives d’un socialisme coupé du quotidien. S’ensuit une critique de l’évolution technique de la société occidentale et une analyse de la dérive du langage vers une novlangue. Révélant l'importance qu'occupe la question de la vie quotidienne chez Orwell, Bruce Bégout nous propose une lecture nouvelle de son œuvre et met en valeur la finesse de son jugement politique.
Le très long discours d'Emmanuel Macron au Congrès dessine l'image d'un président philosophe (cf. Frédéric II de Prusse a/s du pouvoir et de la philosophie)
A/s de " 1984 " Jean-Jacques Rosat explique sur France Culture que :
L'histoire du roman est celle d'O'Brien, biologiste mais surtout philosophe. Dans la troisième partie du roman, ce n'est pas la "philosophie dans le boudoir" mais la philosophie dans la salle de torture. Winston est torturé et subit tout un discours pour lui faire croire que " 2 + 2 font 5 ", ce qu'O'Brien a sorti de toute une série d'explications philosophiques. L'intellectuel philosophe dans "1984" n'est pas Winston - Winston est un homme ordinaire. L'intellectuel philosophe, c'est le tortionnaire bourreau, chef de la pensée politique, manipulateur de première importance. Ce n'est pas qu'Orwell déteste la philosophie. Pas du tout. Il était grand admirateur de Bertrand Russell, grand philosophe rationaliste et réaliste ; mais il sait à quel point le rapport que la philosophie entretient avec le langage peut conduire le philosophe à tordre complètement la réalité en fonction de ses concepts.
à partir de 19'10 https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec-george-orwell/peut-dire-la-verite-en-litterature-avec-jean-jacques-rosat