Vous lui avez dit que vous souhaitiez bien travailler, mais que vous n’en aviez pas les moyens. Il vous a alors répondu qu’il n’y avait pas “d’argent magique”. Est-ce audible pour vous ?
Non, pas du tout. Il dit qu’il n’y a pas d’argent magique, et pourtant, il y en a pour le CICE et pour supprimer l’ISF ! Ça me met en colère. Il n’y a jamais d’argent pour le monde du travail, pour les salaires, pour les retraites, pour les cheminots ! Tout ce qu’on trouve à nous dire, c’est qu’on coûte cher, alors que nous faisons tourner le pays. Pour les riches par contre, il n’y a pas de problème. Ça me révolte.
Il nous parle d’“argent magique”, comme si nous étions des demeurés. On sait bien que l’argent n’est pas magique : on va le gagner tous les jours en se levant à 5h du matin ! C’est un peu insultant comme façon de nous parler.
Quelle est la situation de l’hôpital au quotidien ?
Au quotidien, il manque des aides-soignantes, des infirmières, des ASH (agents des services hospitaliers), des techniciens… Quand des collègues partent en congé maternité, il en faut quatre pour avoir une remplaçante. Les autres ne peuvent pas poser leurs vacances. Tous les jours il faut se bagarrer. C’est ça la réalité. Le Centre hospitalier de psychiatrie dans la région entasse les patients, il y a des chaises pour les faire dormir parce qu’il n’ya pas assez de lits. On a un service public qui n’est même plus capable d’accueillir le public. C’est grave.
Vous lui avez également dit que de nombreux salariés étaient mécontents dans le pays, ce a quoi il a répliqué, énervé, qu’il n’était pas d’accord. Vous en pensez quoi ?
(rire) Qu’il n’en est pas à un mensonge près ! Il se passe des choses partout: dans les facs, chez les cheminots, dans plein d’entreprises privées. A Renault ils ont baissé les primes des salariés pour augmenter les dividendes des actionnaires. La même chose à Carrefour. Les attaques sont incessantes, et elles vont toujours dans le même sens : au profit du grand patronat, des actionnaires, et au détriment du monde du travail.
A la fin de votre échange, il vous reproche de ne pas avoir fait preuve de courtoisie, et vous lui répondez : “Je suis là tous les jours à 5h du matin pour ces gens là”.
C’était gonflé quand même ! Il est en représentation, il vient faire sa propagande, ses annonces, sa publicité : très bien. Mais nous, on est là tous les jours, on se démène, on fait en sorte que ça fonctionne, on fait de belles choses et on veut continuer à les faire. Mais pour ça, il nous faut des moyens. Ce sont deux visions du monde du travail.
Propos recueillis par Mathieu Dejean