Je pense que les règles suivantes peuvent couvrir la plupart des cas :
1. N’utilisez jamais une métaphore, une comparaison ou toute autre figure de rhétorique que vous avez déjà lue à maintes reprises.
2. N’utilisez jamais un mot long si un autre, plus court, peut faire l’affaire.
3. S’il est possible de supprimer un mot, n’hésitez jamais à le faire.
4. N’utilisez jamais le mode passif si vous pouvez utiliser le mode actif.
5. N’utilisez jamais une expression étrangère, un terme scientifique ou spécialisé si vous pouvez leur trouver un équivalent dans la langue de tous les jours.
6. Enfreignez les règles ci-dessus plutôt que de commettre d’évidents barbarismes.
Ces règles peuvent sembler élémentaires, et elles le sont, mais elles exigent un profond changement d’attitude chez tous ceux qui ont pris l’habitude d’écrire dans le style aujourd’hui en vigueur. On peut respecter chacune d’entre elles et cependant écrire mal, mais du moins n’écrira-t-on rien dans le genre des cinq passages que j’ai cités au début de cet article.
Je n’ai pas considéré ici la langue dans son usage littéraire, mais seulement en tant qu’instrument permettant d’exprimer la pensée, et non de la dissimuler, encore moins de l’interdire. Stuart Chase et d’autres en sont presque arrivés à affirmer que tous les termes abstraits sont dénués de signification et en ont pris prétexte pour préconiser une sorte de quiétisme politique. Si vous ne savez pas ce qu’est le fascisme, comment pouvez-vous le combattre ? Sans pour autant gober de telles absurdités, il faut bien reconnaître que le chaos politique actuel n’est pas sans rapport avec la décadence de la langue, et qu’il est sans doute possible d’améliorer quelque peu la situation en commençant par le langage. En simplifiant votre langage, vous vous prémunirez contre les pires sottises de l’orthodoxie. Vous ne pourrez plus utiliser aucun des jargons de rigueur, si bien que lorsque vous formulerez une idée stupide, sa stupidité sera évidente pour tous, y compris pour vous-même. Le langage politique — et, avec quelques variantes, cela s’applique à tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes — a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance. On ne peut changer tout cela en un instant, mais on peut au moins changer ses propres habitudes et même, de temps à autre, en s’en gaussant comme il convient, renvoyer à la poubelle où elle a sa place telle ou telle expression usée jusqu’à la corde et dénuée d’utilité, comme ces botte de la dictature, talon d’Achille, creuset, pierre de touche, vision dantesque et autres rebuts verbaux.
Commentaires sur France culture :
La novlangue, instrument de destruction intellectuelle (4/5)
avec : Françoise Thom, historienne et soviétologue, auteure de l’ouvrage La Langue de bois aux éditions Julliard
Et Jean-Jacques Rosat, professeur de philosophie et éditeur
Pour aller plus loin :
Jean-Jacques Rosat : Littérature et politique selon Orwell
Viktor Klemperer : Lingua Tertii Imperii
Paul Nizan : Les chiens de garde
Michel Foucault
Guy Debord : " La société du spectacle " et " commentaires sur la société du spectacle "
Ce même jour dans Médiapart :
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Reprise en main après la mise en examen de son ancien président Jo Masanet, l'association d'action sociale Anas tente de se reconstruire. Le rapport d'un policier mis à disposition, qui a démissionné en mars, dénonce la persistance de certaines pratiques. Contrôlée par le syndicat Unité SGP-Police, l'association élude, évoquant une « manipulation syndicale » qui viendrait de son rival Unsa-Police.
cf. Une contre-expertise relance l'affaire Adama Traoré 6 juillet 2017 Par Faïza Zerouala et Du juste exercice de la force et
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