https://citations.ouest-france.fr/citation-romain-gary/aime-peuples-dit-dobranski-aime-126158.html
Un article de Médiapart révèle qu’Alexandre Perez, adjoint de François Bayrou à la mairie de Pau, invoque le Patriotisme pour justifier ses propos d’extrême-droite sur les réseaux sociaux. S’approprier arbitrairement le patriotisme permet de qualifier tout aussi arbitrairement de traîtres celles et ceux qui ne pensent pas pareil.
De même comme le font Trump, Netanyahou ou Poutine en invoquant une guerre existentielle pour justifier leurs massacres. C’était le fond du discours des nazis et de leur concept de Lebensraum. L’idée d’un grand Israël que promeuvent les membres du gouvernement Netanyahou y fait aujourd’hui confusément écho. D’autant que la loi " Israël Étant nation du peuple juif " pose un principe de droit public sans en fixer ses limites ni ses frontières géographiques. Le quotidien Haaretz a publié une étude selon laquelle une grande majorité d’israéliens juifs sont prédisposés à voir des traîtres partout.
Ne pouvant pas se réclamer ouvertement d’être des nationalistes - cf. la connotation politique allemande - ces bourreaux de l’humanité (cf. Les mandats d’arrêt de la CPI) invoquent le patriotisme. Celà ne leur est cependant pas possible tant les notions s’opposent, comme l’ont expliqué Romain Gary et George Orwell dès 1945.
Il semble donc nécessaire de le rappeler pour dénoncer cette nouvelle escroquerie de la communication politique qui choisit de se mettre de mauvaise foi au service d’une idéologie détestable et criminelle et qui bénéficie de la mansuétude complice des acteurs de l’information, malgré les précédents connus, lesquels valident ce confusionisme, promeuvent les mensonges et en favorisent le succès.
Cette technique éprouvée et abondamment documentée porte le nom de propagande, publicité, marketing et marketing politique. Au-delà de l’indigence des programmes télés, l’intelligence artificielle et les réseaux dits sociaux - il serait peut-être plus juste de les appeler asociaux - les communicants utilisent les découvertes des neurosciences pour manipuler les individus en instrumentalisant les mécanismes dopaminergiques du corps strié du cerveau.
Le législateur et l’exécutif n’ignorent pas cette manipulation - donc désinformation selon la DGSI - et ne l’interdisent pas ni ne responsabilisent pas pénalement les dirigeants des sociétés. Les agents du ministère de l’intérieur censés lutter contre sont donc confrontés à une injonction paradoxale. Un « tonneau des Danaïdes » en attendant l’avènement de " l’automobiliste du Néandertal " ou de " l'idiocracy " ? Ce que l’actualité des Usa, de la Russie, de l’Argentine et d’Israël - notamment - semblent en confirmer la proximité.
Les temps des intellectuels "altruistes" semble définitivement révolu. Mais qu’est-ce qu’un intellectuel aujourd’hui dans les médias ? Moins que cela n’était avant que le terme existe ? " Je me sens le frère de tous les hommes et l’hôte de tous les peuples. " Victor Hugo.
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Le nationalisme et le patriotisme selon Orwell
publié le 26 mars 2023 Philosophie magazine
Extrait. Qu’est-ce qui différencie un patriote d’un nationaliste ? Tout, répond Orwell. Le nationaliste voue un culte absolu à sa nation, dont les intérêts priment toute considération morale. Seul importe le développement de la puissance de la nation – au détriment des autres. Le patriotisme, au contraire, est essentiellement défensif : il marque l’attachement à un lieu et à un mode de vie, sans prétendre l’imposer à d’autres.
« Par “nationalisme”, j’entends tout d’abord l’habitude de supposer que les êtres humains peuvent être classés comme des insectes et que des groupes entiers de millions ou de dizaines de millions de personnes peuvent être qualifiés de “bons” ou de “mauvais”. Mais, deuxièmement – et la chose est beaucoup plus importante –, j’entends par nationalisme l’habitude de s’identifier à une seule nation […], de la placer au-delà du bien et du mal et de ne reconnaître aucun autre devoir que celui de promouvoir les intérêts de celle-ci. Le nationalisme ne doit pas être confondu avec le patriotisme. […] Par “patriotisme”, j’entends le dévouement à un lieu particulier et à un mode de vie particulier, que l’on croit être le meilleur au monde mais que l’on ne souhaite pas imposer à d’autres personnes. Le patriotisme est par nature défensif, à la fois militairement et culturellement. Le nationalisme, en revanche, est inséparable d’un désir de pouvoir. Un nationaliste […] pense uniquement, ou principalement, en termes de prestige concurrentiel. […] Ses pensées tournent toujours autour des questions de victoire, de défaite, de triomphe et d’humiliation. Il voit l’histoire, en particulier l’histoire contemporaine, comme le développement et le déclin sans fin des grandes unités de puissance, et chaque événement qui se produit lui paraît démontrer que son propre camp prospère alors qu’un rival honni est engagé sur la voie de la décadence. Mais enfin, il est important de ne pas confondre le nationalisme avec le simple culte du succès. Il ne s’agit pas simplement de se liguer avec le côté le plus fort. Au contraire, ayant choisi son camp, le nationaliste se persuade que ce camp est le plus fort ; il s’en tient à cette croyance même lorsque les faits sont clairement contre lui. Le nationalisme est une soif de pouvoir tempérée par l’auto-tromperie. Tout nationaliste est capable de la malhonnêteté la plus flagrante, mais il est aussi – puisqu’il est conscient de servir quelque chose de plus grand que lui – indéfectiblement certain d’avoir raison. »
George Orwell, « Notes on nationalism » (1945), in Polemic [notre traduction].