L’article de France info expose comment le Lean management mis en place par ces quatre compagnies est une des causes du mauvais entretien des ascenseurs, des accidents et des morts. Sans parler du surmenage des techniciens - 150 à 200 machines à entretenir chacun - qui a conduit à des suicides.
Le communiqué de presse du 21 février 2007 de la Commission européenne donne les détails de la décision condamnant les groupes d’ascensoristes pour entente illicite :
De 1995 à 2004, les quatre géants se sont entendus pour se partager le marché sur la base de quotas établis entre eux et imposer une augmentation des prix des ascenseurs et des escaliers mécaniques d'hôpitaux, de gares et de centres commerciaux dans quatre pays d'Europe : en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Les directeurs de ces sociétés se réunissaient discrètement dans des bars, des restaurants, à la campagne ou à l'étranger en s’équipant de télephones avec des cartes prépayées. Ils ont présentés de fausses offres trop élevées pour faire donner l’apparence d’une véritable concurrence.
L'Union européenne a déposé plainte contre ces quatre entreprises à propos de ses propres ascenseurs. L’UE estime le préjudice à 11 millions d'euros pour une période de huit ans et des ascenseurs payés deux à trois fois trop cher.
Ces entreprises n'ont pas été inquiétées en France malgré la publication d’une enquête de l'UFC en 2008 révélant que les devis pour des prestations semblables variaient de un à dix. Ces groupes surfacturent leurs pièces aux PME : "14 000 euros au lieu de 4 000 euros pour un moteur". Elles empêchent également les PME d’avoir accès " au mode d'emploi en version numérique des ascenseurs neufs qu'elles fabriquent, et qui rendent donc impossibles les réparations ".
Enfin, l’enquête d’Anaëlle Verzaux de la cellule investigation de Radio France révèle également des menaces contre les décideurs politiques, de pareilles pratiques soulevant la question de tentatives de corruption jusque dans les ministères.
Le Médef s’en fout et cela montre ce que vaut l’auto régulation ou l’auto contrôle. Une déontologie à l’encéphalogramme plat.
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Arrêt du Tribunal (huitième chambre) du 13 juillet 2011.
ThyssenKrupp Liften Ascenseurs NV (T-144/07), ThyssenKrupp Aufzüge GmbH et ThyssenKrupp Fahrtreppen GmbH (T-147/07), ThyssenKrupp Ascenseurs Luxembourg Sàrl (T-148/07), ThyssenKrupp Elevator AG (T-149/07), ThyssenKrupp AG (T-150/07) et ThyssenKrupp Liften BV (T-154/07) contre Commission européenne.
Concurrence - Ententes - Marché de l’installation et de l’entretien des ascenseurs et des escaliers mécaniques - Décision constatant une infraction à l’article 81 CE - Manipulation des appels d’offres - Répartition des marchés - Fixation des prix.
Affaires T-144/07, T-147/07, T-148/07, T-149/07, T-150/07 et T-154/07.