Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

299 Billets

2 Éditions

Lien 10 octobre 2024

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

Le syndrome Stefan Zweig : quand la médiocrité de l’actualité pousse au suicide

Une proportion importante de jeunes américains souffre de dépression et de perte de confiance en l'avenir, comme l'écrivain viennois qui se suicida en 1942. Attention à ce que les jeunes en France n'en souffrent pas non plus, alerte Jacques Attali. Le propos est pertinent mais en quoi l’actualité et ses acteurs principaux apportent-ils de quoi penser que ce n’est pas déjà trop tard ?

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien avant que le phénomène n’inquiète Jacques Attali parce qu’il frappe la jeunesse américaine, Dominique Moïsi avait déjà évoqué ce syndrome Stefan Zweig chez les jeunes - sans le nommer ainsi - dans son ouvrage " La géopolitique des émotions "  (2009). Il en parlait notamment à propos de la jeunesse moyen orientale et de Maghreb.

Les données sociales 1987 avait consacré un long article sur l’importance du suicide en France. Ce que Durkheim avait déjà relevé dès la fin du 19ème siècle. Cette sinistralité est donc connue et documentée en France depuis longtemps.

Elle s’amplifie peut-être parce que, d’une part, l’action publique ne s’attaché pas réaliser l’objectif premier d’une société démocratique qui est de garantir efficacement le bien-être général. Cet objectif est inscrit dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et dans le préambule de la constitution des Etats-unis d’Amérique. C’est un impératif constitutionnel depuis plus de deux siècles.

D’autre part, parce que, comme le rappelle Jacques Attali - et avant lui la critique des médias posée par l’école de FrancfortBourdieu, Chomsky, Debord, Foucault Gramsci, Dufour, ... - la médiocrité des médias, pourtant dénoncée (ACRIMED, A@I, Rhinocéros, ...) favorise, cautionne et entretient la médiocrité de l’actualité, laquelle désespère les foules et particulièrement la jeunesse.

Bruno Patino, qui fut doyen de l’école de journalisme de Sciences Po Paris pendant 14 ans, parle de "civilisation du poisson rouge". Henri Maler apporte un éclairage convergent.

Le monde n’est pas fou.

C’est la médiocrité de ceux qui le dirigent n’importe comment et celle des bavards paresseux qui prétendent le commenter qui le fait tomber malade. Ils le font par un procédé de malhonnêteté rhétorique qu’a vécu et analysé en détails et dont témoigne Viktor Klemperer dans son journal.

À l’ouest, rien de nouveau, donc.

L’inertie de cette médiocrité est également étudiée et documentée : " Face à un évènement, le savant doute, le sage réfléchit et le con affirme ses certitudes, avoir trouvé la preuve du destin, de la fatalité, de la conspiration, ... " Les médias en témoignent abondamment. La sensibilité de Stefan Zweig fait qu’il n’y aurait peut-être pas survécu.

_______________________

Mise à jour :

Rima Hassan coupée en direct : BFMTV en flagrant déni

Les séquences de “clash” en direct sont relativement rares sur les chaînes d’info mais elles sont toujours révélatrices. Cette semaine une interview de Rima Hassan depuis le Parlement européen a tourné court, alors qu’elle critiquait la ligne éditoriale de la chaîne, et l'accusait d'être pro-israélienne. Une séquence qui révèle l’égo médiatique, ses réflexes de défense corporatiste et son incapacité à se remettre en question.

BFM : Victime palestinienne, accusez-vous !

BFMTV, Israël-Palestine, Rima Hassan et "les deux côtés"

"Mon colonel, bonsoir" : à la télé, l'omniprésent Olivier Rafowicz

Liban : "Opération limitée, c'est la rhétorique de l'armée israélienne"

Sur Acrimed également : https://www.acrimed.org/+-Palestine-+

____________________

Prolonger :

Wikipédia : Stefan Zweig

Le texte de Jacques Attali  : https://www.attali.com/societe/zweig/

Ministère de la santé :

La maladie mentale et les troubles psychiques touchent près d'1/5 de la population, soit 13 millions de Français (données OMS). Les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes du monde. La dépression est l’un des troubles les plus répandus puisque qu’elle concerne environ 15 à 20 % de la population générale, sur la vie entière (données Inserm). Plus d'un quart des Français consomme des anxiolytiques, des antidépresseurs, des somnifères et autres médicaments psychotropes (don- nées EPI-PHARE). 3 millions de personnes souffrent de troubles psychiques sévères (données Santé Publique France). Le suicide est la première cause de mortalité entre 15 et 35 ans. Au total, avec plus 23 Milliards € par an, les dépenses remboursées au titre de la souffrance psychique et des maladies psychiatriques sont le premier poste de dépenses de l’Assurance Maladie, devant les cancers et les maladies cardiovasculaires.   3 mars 2023  Synthèse du bilan de la feuille de route — Santé mentale et psychiatrie

L’Humanité :

Santé mentale. Comment l'abandon de la psychiatrie l'a plongée dans un état critique 

Les dégâts du confinement sur la santé mentale des plus fragiles et des jeunes sont largement commentés par l’exécutif lui-même qui, pour autant, laisse la psychiatrie publique à l’agonie. 50 % des pédopsychiatres ont disparu en dix ans.

Médiapart :

Sandrine Rousseau : « Nous n’offrons pas assez clairement un autre modèle social »

Dans son livre « Ce qui nous porte », Sandrine Rousseau appelle la gauche à sortir de la matrice des Trente Glorieuses et à diffuser un imaginaire politique alternatif et désirable. La nomination de Michel Barnier est pour elle le « chant du cygne » d’un régime politique et économique insoutenable.

 (...)

Vous êtes parmi les rares responsables politiques à évoquer le problème de la santé mentale. En quoi est-ce un objet politique légitime et comment les pouvoirs publics peuvent-ils agir ? 

Lors de la mission d’information sur la psychiatrie à laquelle j’ai participée à l’Assemblée nationale, je me suis rendu compte que notre santé mentale est politique. Et aujourd’hui, elle se dégrade à une vitesse qui devrait nous interroger. On ne peut pas accepter que les hospitalisations pour tentatives de suicide chez les jeunes aient à ce point augmenté (plus de 500 % chez les femmes entre 2019 et 2022). C’est une épidémie.

Les psychiatres l’expliquent par l’éco-anxiété, la perte d’espoir dans l’avenir, le cyberharcèlement, les violences intrafamiliales… Cela veut dire que le monde politique dans lequel on évolue nous impacte très profondément, très intimement. Cet indicateur de la santé mentale montre que les politiques publiques ne sont pas en adéquation avec les attentes de la population.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.