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" L’ordre, l’ordre, l’ordre " * : le double standard en matière d’opinion à Paris

Reportage vidéo sur la protection policière d’un défilé d’extrême-droite au son des tambours, promouvant une idéologie discriminatoire, violente et anti-démocratique à Paris le 9 mai 2025 (au lendemain du 80ème anniversaire de la victoire contre la barbarie... d’extrême-droite qui fit 80 millions de morts**) et, d’autre part, l’évacuation et le confinement du public contestant cette idéologie.

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https://m.youtube.com/watch?v=YCM9MN3HhE8

Les drapeaux de l’ordre noir défilent au pas, depuis des années, à travers les 5ème et 6ème arrondissements de Paris, du square voisin de la gare RER Port-Royal, depuis l’avenue de l’Observatoire jusqu’à la rue des Chartreux (près du Sénat et du Panthéon) via le boulevard Montparnasse, la rue de Rennes et la rue d’Assas, au son de tambours en tête de cortège.

Notes :

* « La leçon que j’en tire, c’est un : l’ordre, l’ordre, l’ordre. La deuxième, c’est que notre pays a besoin d’un retour de l’autorité »  Emmanuel Macron président de la République . « Rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre » Bruno Retailleau ministre de l’intérieur.

** Bilan de la Seconde Guerre mondiale - article décrivant le bilan de la Seconde Guerre mondiale

Décisions du juge des référés du 7 mai 2025 cassant l’interdiction du préfet de police pour absence et insuffisance de motifs (Les arrêtés du préfet de police ont été écrits avec les pieds, sont bâclés) : Lire les ordonnances n° 2512431 / 2512432 / 2512433. Cela pose la question de l’incompétence du préfet ; puisque sa fonction est de garantir la légalité et d’en exercer le contrôle : les préfets " ont la charge des intérêts nationaux et du respect des lois. " (art. 1 Décret n°2004-374 du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets). Cela fait plusieurs fois de suite qu’il rédige mal son arrêté d’interdiction de la manifestation d’extrême-droite, pourtant interdite. Le ministre de l’intérieur avait demandé aux préfets l’interdiction systématique de ces manifestations en 2023 et les préfets " veillent à l'exécution des règlements et des décisions gouvernementales ". Le juriste Serge Slama considérait en 2024 que cette inefficacité illustre « une forme de passivité » face à ces groupuscules (Public-Sénat). Il observait également que :

« On peut reprocher aux forces de l’ordre l’absence d’interpellations »

Avec leurs visages cagoulés, leurs tatouages nazis et leurs t-shirts aux messages suprémacistes, une large partie des militants réunis ce 11 mai cochaient pourtant les cases des motifs initialement brandis par le préfet pour justifier l’interdiction : « dissimulation illicite de visage », ou encore risque de « propos nationalistes appelant à la haine et à la discrimination ». « On peut reprocher aux forces de l’ordre l’absence d’interpellations, ne serait-ce que pour dissimulation du visage, c’est un délit et ils le constatent toutes les semaines avec les black blocs », estime Serge Slama.

Une absence d’interpellations d’autant plus regrettable, selon le juriste, qu’elles auraient pu servir de preuves « sur lesquelles s’appuyer pour justifier le risque de trouble à l’ordre public », et ainsi interdire de futurs rassemblements du même type. « Il y a une forme de passivité de l’État, qui interdit par réflexe les manifestations, même si le préfet sait qu’une fois sur deux elle sera autorisée par le tribunal administratif, pour ensuite laisser passer des infractions et simplement encadrer ces cortèges », déplore-t-il.

Le professeur de droit public dénonce même un « deux poids deux mesures » dans l’action des forces de l’ordre, également sollicitées ce week-end pour encadrer le rassemblement de militants écologistes contre deux projets de « mégabassines » dans le Puy-de-Dôme. Le déploiement de drones de la gendarmerie pour surveiller les manifestants a été interdit de justesse par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. « Pourquoi un tel déploiement d’effectifs policiers en Auvergne, mais aucune verbalisation à Paris ? », interroge Serge Slama.

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Mise à jour :

Défilé néonazi à Paris : le récit d’un incroyable laisser-faire

La justice a donné son feu vert pour qu’un millier de néonazis paradent dans Paris le 10 mai. Mediapart a eu accès au rapport de la préfecture de police qui demandait l’interdiction de la manifestation. Et a enquêté sur des membres du cortège ainsi que sur deux incidents antisémites. L’ensemble rend l’autorisation peu compréhensible. Médiapart le 17 mai 2025 Par Donatien Huet, Youmni Kezzouf et Matthieu Suc

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Prolonger :

À Paris, les néofascistes défilent en toute impunité

Sous la surveillance bienveillante de la police, un millier de militants néofascistes, au visage souvent dissimulé et affichant pour certains des signes néonazis, ont manifesté, samedi 10 mai, lors du traditionnel défilé du Comité du 9-Mai. Étaient présents le militant néonazi Marc de Cacqueray-Valménier et l’ancien trésorier du microparti de Marine Le Pen, Axel LoustauYoumni Kezzouf 10 mai 2025

Politique et justice : le fond de l’air effraie

Emmanuel Macron dans l’affaire de la Légion d’honneur de Sarkozy et Marine Le Pen dans celle des emplois fictifs du RN ont tous deux utilisé exactement le même argument pour délégitimer la justice : l’élection est plus forte que la loi. Une dérive populiste digne d’un trumpisme à la française. Fabrice Arfi 9 mai 2025

Leader d’un groupe néofasciste et fils du directeur de la police nationale : pour la Place Beauvau, « il n’y a pas de sujet »

StreetPress a révélé que le fils de Louis Laugier, directeur général de la police nationale, a cofondé un groupuscule violent à Nantes. Questionné par Mediapart, le ministère de l’intérieur n’y voit pas de problème. En revanche, il annonce à Mediapart l’interdiction de la marche néonazie du Comité du 9 mai, prévue le 10 mai à Paris. Youmni Kezzouf 25 avril 2025

Après la condamnation de Marine Le Pen, une semaine d’intimidation mortifère

Les attaques contre l’idée même de justice après la condamnation de la cheffe de file du RN, qui manifeste dimanche à Paris, ne doivent pas être prises à la légère. Partout dans le monde, l’extrême droite accélère dans son projet de destruction des contre-pouvoirs et de remise en cause de l’État de droit. Antton Rouget et Ellen Salvi 5 avril 2025

L’internationale réactionnaire à la rescousse de Marine Le Pen

Le porte-parole du Kremlin et Viktor Orbán, mais aussi Elon Musk, ont dénoncé la condamnation de l’ex-présidente du RN. Outre leurs affinités idéologiques avec le parti d’extrême droite, les dirigeants russe et hongrois sont aussi indirectement liés à ses finances. Justine Brabant et Fabien Escalona 31 mars 2025

Retailleau et Darmanin, accélérateurs de la bascule vers l’extrême droite

Les ministres de l’intérieur et de la justice se disputent l’espace public, reprenant les mots, les idées et les contre-vérités de l’extrême droite, sans jamais être recadrés. Ils alimentent ainsi chaque jour l’entreprise de « dédiabolisation » du Rassemblement national. Ellen Salvi 26 mars 2025

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