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Appels aux Européens

Exilé en Angleterre dès 1934, témoin horrifié de l’annexion de l’Autriche par le Troisième Reich en mars 1938, installé au Brésil où sa seconde épouse et lui-même se donnent la mort le 22 février 1942, Stefan Zweig vécut la destruction de la civilisation européenne comme une tragédie personnelle et son dernier chef-d’œuvre Le Monde d’hier porte le sous-titre « mémoires d’un Européen ».

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Zweig plaide pour une unification de l’Europe qui passerait également par la culture et l’humanisme. Bien éloignée de la Realpolitik de notre époque eurosceptique, sa vision de l’organisation du continent dérangera ceux qui se moquent de l’idéalisme politique. Mais elle captivera ceux qui cherchent des voies nouvelles pour sortir de l’impasse au bout de laquelle le projet européen arrivera bientôt si rien n’est fait pour le sauver. Parce qu’ils étaient résolument inactuels au moment de leur conception, les appels de Zweig à un sursaut européen sont d’une actualité brûlante. La longue préface de Jacques Le Rider le rappelle avec force.

Edgar Dubourg écrit le 24/06/2016 : Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de se rappeler ce qu’est l’Europe, ce que nous voulons qu’elle soit, et ce qu’elle continuera d’être à nos yeux tant que nous aurons à l’esprit des textes comme celui de Stefan Zweig sur le sentiment européen, généreux, désintéressé.

« Reconnaissons donc en premier lieu la suprématie, inscrite dans les faits du temps présent, de l’idée opposée, le nationalisme. L’idée européenne n’est pas un sentiment premier, comme le sentiment patriotique, comme celui de l’appartenance à un peuple, elle n’est pas originelle et instinctive, mais elle naît de la réflexion, elle n’est pas le produit d’une passion spontanée, mais le fruit lentement mûri d’une pensée élevée. Il lui manque d’abord entièrement l’instinct enthousiaste qui anime le sentiment patriotique. L’égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individus que l’altruisme sacré du sentiment européen, parce qu’il est toujours plus aisé de reconnaître ce qui vous appartient que de comprendre votre voisin avec respect et désintérêt.

À cela s’ajoute le fait que le sentiment national est organisé depuis des siècles et bénéficie du soutien des plus puissants auxiliaires. Le nationalisme peut compter sur l’enseignement, l’armée, l’uniforme, les journaux, les hymnes et les insignes, la radio, la langue, il bénéficie de la protection de l’État et fait vibrer les masses, alors que nous n’avons jusqu’ici, au service de notre idée, rien d’autre que la parole et l’écrit dont l’effet reste insuffisant face à ces moyens rodés depuis des centaines d’années. Si notre idée doit avoir des effets réels, nous devons donc la faire sortir de la sphère ésotérique des discussions intellectuelles et consacrer toute notre énergie à la rendre visible et convaincante pour un cercle élargi. »

Appels aux Européens, Stefan Zweig (Bartillat)

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